Claudia Andujar, dernier voyage aux côtés des survivants

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Renato Parada/ Exhibition The Yanomami Struggle/Instituto Moreira Salles

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Sur les traces de Claudia Andujar (6/6). Au crépuscule de sa vie, la photographe et militante brésilienne, qui a tant fait pour les Yanomami, craint que l’arrivée au pouvoir de l’ex-militaire Jair Bolsonaro ne fasse ressurgir les menaces du passé.

Comme à chaque fois, elle a juré que ce serait son « dernier voyage » en terre yanomami. Nous sommes en 2017, Claudia Adujar a 86 ans. Depuis dix ans, la photographe répète qu’elle n’a plus la force de voyager, mais ne résiste jamais à l’idée de retourner voir sa « famille », les Indiens. Cette fois-ci, il semble qu’elle tiendra parole. Alors, à son arrivée, les indigènes la fêtent comme une mère, improvisant une herii, une cérémonie en hommage à sa présence, conviant probablement les esprits xapiri et priant les nëwari, les êtres maléfiques, de s’éloigner.

Claudia, avec Davi Kopenawa (chamane et cacique) Yanomami et Fatima Larima Yanomami (femme de Davi, très amie de Claudia) en 2017, dans le centre de la « maloca » à Demini (dans l’état du Roraima). Photo pendant le tournage du film documentaire « Gyuri », de Mariana Lacerda, en cours de finition.
Claudia, avec Davi Kopenawa (chamane et cacique) Yanomami et Fatima Larima Yanomami (femme de Davi, très amie de Claudia) en 2017, dans le centre de la « maloca » à Demini (dans l’état du Roraima). Photo pendant le tournage du film documentaire « Gyuri », de Mariana Lacerda, en cours de finition. Marcelo Lacerda

A Demini, village indigène, la photographe d’origine suisse, naturalisée brésilienne, est apaisée. Elle revient parmi ceux qu’elle a aimés et observés, au cœur de la forêt amazonienne, quelque part dans l’Etat du Roraima, à l’extrême nord du Brésil. Ses jambes la font souffrir et c’est en fauteuil roulant qu’elle doit traverser la forêt. « Elle était très émue », se souvient Carlo Zacquini, missionnaire catholique italien débarqué en Amazonie dans les années 1960 et compagnon de lutte de la photographe. Le voyage est organisé par la cinéaste Mariana Lacerda, qui veut filmer cette grande dame du XXe siècle qui a trouvé en Amazonie un refuge et une cause. En cours de finition, le documentaire s’appellera Gyuri, du nom du premier amour de Claudia Andujar, un jeune adolescent qu’elle a connu en Europe de l’Est et qu’elle a vu partir pour Auschwitz après lui avoir donné son premier baiser. Le jeune homme n’en est pas revenu, comme son père et la quasi-totalité de sa famille paternelle, des juifs de Transylvanie.

Dans le village à Demini. Photo extraite du film documentaire « Gyuri » de Mariana Lacerda, en cours de finition.
Dans le village à Demini. Photo extraite du film documentaire « Gyuri » de Mariana Lacerda, en cours de finition. Marcelo Lacerda

Dans le village de Demini, elle est aux côtés de survivants. Près de ces Yanomami qui ont échappé aux épidémies et aux massacres perpétrés en silence sous la dictature militaire – le régime est rendu responsable de la mort de quelque 8 000 Indigènes. Mais rien n’est plus comme avant. Le peuple a vu sa culture en partie détruite. La soif de l’or dont regorge la terre yanomami a dévasté la plupart des aldeias (« villages »). A l’heure de ce dernier voyage, les pensées de Claudia Andujar sont sombres.

Discours colonialiste

Les actes juridiques de protection, arrachés après de longues luttes, ne sont plus respectés. L’action de la CCPY, la Commission pro-yanomami, que la photographe, l’ethnologue Bruce Albert et le missionnaire Carlo Zacquini ont créée en 1978, devait permettre d’en finir avec un calvaire plus que centenaire. Même chose avec la démarcation du territoire yanomami, en 1992, qu’a obtenue le trio, épaulé notamment par le cacique yanomami Davi Kopenawa : 9 664 975 hectares de terre sont protégés et, avec eux, la culture de la « terre-forêt » sacrée des Indiens. En principe…

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