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- Neuf conducteurs et un passager de deux-roues sont décédés après des accidents de la route depuis le 1er janvier 2020
- Sanjeev Mewasingh de Fellow Bikers Mauritius plaide pour une cohabitation intelligente entre voitures et motos
Des motocyclistes remontant des files de voitures pour sortir des embouteillages. Cette pratique, quasi généralisée chez les pilotes de deux-roues motorisés, est-elle autorisée ? Oui, si l’on en croit une source de la Traffic Branch des Casernes centrales, qui souligne néanmoins que celle consistant à se faufiler ou slalomer entre les fi les de voitures pour se frayer un chemin est une infraction au code de la route. Cette pratique, qui a le don d’énerver certains automobilistes, serait l’une des causes d’accidents de motos qui font nombre de victimes sur les routes, selon la police.
Rien dans la Road Traffic Act n’interdit les deux-roues motorisés à remonter les files en respectant les codes de la route. Les motocyclistes sont autorisés à dépasser un véhicule ou à circuler entre les deux files de voitures lorsque la circulation est dense ou fluide. Très pratiquée dans les centres-villes, sur les routes et les autoroutes, la circulation interfile impose certaines règles. « La majorité des automobilistes sait que c’est une infraction de procéder à un dépassement par la gauche. Ils peuvent remonter la file en circulant sur la ligne médiane discontinue entre les deux voies et les voitures qui sont à l’arrêt ou roulant à faible allure. Avant de s’engager en interfile, un motocycliste doit s’assurer que l’espace entre les véhicules est suffisant pour circuler et actionner son clignotant pour avertir les autres usagers, tout en adaptant sa vitesse aux conditions de circulation. Il ne doit jamais dépasser un autre deux-roues circulant sur la même interfile », indique notre source aux Casernes centrales.
S’il est tout à fait naturel et primordial d’adapter sa vitesse aux conditions de circulation en remontant des files de voitures afin d’éviter des accidents, ce que les pilotes de deux roues savent moins, c’est qu’il existe une vitesse maximum à respecter lorsque le trafic est fluide sur toutes les autoroutes et routes principales que comptent l’île « La limitation de vitesse pour les deux roues est de 80 km/h sur l’autoroute alors qu’en centre-ville et sur les routes principales la vitesse autorisée ne doit pas dépasser les 60 km/h », souligne notre source, qui conseille donc aux motocyclistes de « reprendre leur place dans le courant normal de la circulation dans la conjoncture. » Il n’en reste pas moins que remonter les filles à moto est beaucoup plus risqué si cela est fait dans certaines conditions à proscrire, comme se faufiler ou slalomer entre les véhicules à quatre roues, leur coupant la route au passage.
« Difficile d’interpeller les contrevenants »
D’autant que les pilotes de deux roues sont particulièrement vulnérables étant notamment démunis de protection extérieure. « Certes, lors d’un examen pour l’obtention d’un permis un aspirant doit effectuer un slalom entre une ligne de cônes et tourner en cercle d’un seul coup par 180 degrés dans un espace de 6 m en largeur, mais ce n’est pas pour autant que cet usage est autorisé sur les routes par la loi » indique notre interlocuteur. Slalomer entre les véhicules est considéré comme étant un « reckless driving » selon la Road Traffic Act. L’amende pour cette infraction ne dépasse pas Rs 2000.
« Certains automobilistes diront que la police n’intervient pas assez en ce qu’il s’agit de ce genre d’infraction, mais ce n’est pas vrai. Nous dressons des contraventions tous les mois, pas assez peut-être. Mais c’est bien souvent difficile pour les forces de l’ordre se frayer un passage dans les bouchons pour interpeller les contrevenants qui sont pour la plupart des pilotes de grosses cylindrées que l’on retrouve bien souvent impliquées dans des accidents » confie-t-on du côté des Casernes centrales. Selon les statistiques compilées, depuis le 1er janvier 2020, neuf conducteurs et un passager de deux-roues motorisés sont morts dans des accidents de la route.
Si le comportement, le goût de la vitesse et la confiance des férus de motos peuvent mettre en danger leur propre sécurité, il faudrait également pointer la responsabilité des automobilistes concernant certains accidents mortels. C’est en tout cas l’avis de Sanjeev Mewasingh, président de l’association Fellow Bikers Mauritius. « Il y a un manque de respect envers la famille des motards, des amoureux de grosses cylindrées et des simples conducteurs. Nos engins sont considérés comme des moyens de transport de second plan, voilà où le bât blesse, même si le comportement de certains motocyclistes laisse à désirer. » Il s’agira désormais, selon Sanjeev Mewasingh, de cohabiter le plus intelligemment et civiquement possible.
« Certains automobilistes, plus attentifs à leur conversation téléphonique qu’à la route, manquent bien souvent de concentration. Quand certains aperçoivent un motard dans leur rétroviseur, ils refusent de se décaler légèrement sur la gauche pour nous laisser passer. La prudence s’applique aussi aux motocyclistes qui doivent s’évertuer à capter le regard des automobilistes dans les rétroviseurs pour s’assurer qu’ils les ont repérés. Pour une cohabitation intelligente entre voitures et motos, une discipline mutuelle s’impose » soutient Sanjeev Mewasingh.
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