Ci-gît la gauche israélienne (1948-2019)

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Si l’échec du Parti travailliste aux élections législatives israéliennes du 9 avril n’est pas surprenant, les explications quant à son score désastreux sont diverses.

Par Piotr Smolar Publié aujourd’hui à 06h00

Temps de Lecture 4 min.

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Arrivé en première position avec le likoud lors des élections législatives du 9 avril, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou est en passe d’obtenir un cinquième mandat à la tête du pays.
Arrivé en première position avec le likoud lors des élections législatives du 9 avril, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou est en passe d’obtenir un cinquième mandat à la tête du pays. REUTERS/AMIR COHEN

Analyse. On ne sait ce qui est le plus spectaculaire dans la déchéance du Parti travailliste en Israël : son score désastreux aux élections législatives du 9 avril, ou bien l’indifférence qui l’accompagne. Comme si ce pilier de la démocratie israélienne, qui a présidé à la naissance de l’Etat et à ses premières décennies, était devenu une relique. Une sorte d’objet politique familier mais encombrant, à la forme inaboutie et à la finalité perdue. En n’obtenant que six sièges sur 120 au sein de la 21e Knesset (4,44 % des voix), le Parti travailliste réalise la plus mauvaise performance de son histoire, deux sièges devant le petit Meretz, la seule formation clairement de gauche, niche survivant à grand-peine. Cet échec n’est pas surprenant, les sondages l’avaient anticipé depuis des mois. En revanche, ses explications sont diverses.

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La première saute aux yeux à la lecture des résultats. Les travaillistes ont été victimes d’un vote utile en faveur de Bleu Blanc, l’agrégat de trois partis centristes conduit par l’ancien chef d’état-major Benny Gantz. Celui-ci a réussi à incarner, trois mois après son entrée en politique, une alternative à M. Nétanyahou. Sans forcément être convaincus par le général, plus de 1,1 million d’électeurs ont choisi Bleu Blanc pour mettre un terme à l’ère « Bibi ». L’un de ses premiers clips de campagne se réjouissait du fait que des pans entiers de Gaza avaient été « renvoyés à l’âge de pierre » pendant la dernière guerre de 2014. M. Gantz : pas de droite peut-être, mais certainement pas de gauche.

C’est un Etat aux racines socialistes, bâti sur les kibboutz et les communautés agricoles. Mais Israël est en même temps marqué par un élan entrepreneurial

La seconde explication tient à une faible incarnation. Avi Gabbay avait créé la surprise en étant désigné chef des travaillistes en juillet 2017. Il avait rejoint le parti depuis peu, venu de la droite, lui l’ancien ministre de la protection environnementale de M. Nétanyahou. Il avait fait l’essentiel de sa carrière dans le privé, au sein du groupe de télécoms Bezeq. Promettant de renouveler les méthodes du Parti travailliste, de l’ouvrir aux électeurs de la périphérie défavorisée, il a accéléré sa perdition. La rupture avec Tzipi Livni et la fin de l’Union sioniste (24 députés ensemble en 2015) sont venues couronner, en début d’année, une stratégie erratique.

Dès le lendemain des élections, une pluie de critiques s’est abattue sur M. Gabbay. La pression est forte, mais le dirigeant compte bien siéger à la Knesset et avancer les prochaines primaires. Il n’est pas le père de tous les maux qui accablent le parti. Il faut inscrire cette déchéance dans la crise existentielle mondiale que traverse la gauche, dans ses multiples déclinaisons nationales. Incapable de dessiner un projet consistant face au capitalisme financier, qui se soustrait aux instruments de régulation et de taxation traditionnels, la gauche ne sait comment contrer la montée en puissance des mouvements identitaires, xénophobes, populistes.

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