Chine, l’empire du contrôle

0
114

[ad_1]

Editorial du « Monde ». Pendant l’épidémie, la répression continue. L’arrestation, ces derniers jours, de deux figures de premier plan de l’opposition chinoise confirme les craintes de nombreux experts, qui redoutent que le régime de Xi Jinping ne mette à profit la peur suscitée dans la population par la contamination du coronavirus pour renforcer durablement le contrôle de la société chinoise.

L’universitaire Xu Zhiyong, 46 ans, connu pour militer pour l’Etat de droit en Chine et déjà emprisonné de 2014 à 2017, a été arrêté, le 15 février, à Canton, chez une avocate auprès de laquelle il s’était réfugié. Selon le Guardian de Londres, un autre universitaire de renom, Xu Zhangrun, privé de cours depuis qu’il a critiqué, en 2018, la réforme de la Constitution permettant à Xi Jinping de devenir président à vie, a été assigné à résidence à Pékin sans pouvoir communiquer avec l’extérieur.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi En pleine guerre contre le coronavirus, Pékin fait taire deux grandes voix de l’opposition

En pleine « guerre du peuple » contre le coronavirus, les autorités chinoises, sous le couvert de la gravité d’une situation sanitaire exceptionnelle, renforcent la surveillance de masse et étendent les mesures restrictives des libertés. La pratique systématique du confinement, assurée par le quadrillage d’innombrables volontaires aussi bien que par le recours aux technologies de reconnaissance faciale et d’intelligence artificielle, est largement soutenue par une population prise de panique ; elle a donné lieu, cependant, à des dérapages hors de tout cadre juridique, comme le blocage total de voies d’accès, l’interdiction faite à des habitants de regagner leur domicile ou la diffusion de données personnelles de patients.

« Renforcer le contrôle de l’information »

Après une première période où certaines critiques ont pu s’exprimer sur la gestion de la crise, la censure a été renforcée et, début février, les autorités ont annoncé un contrôle accru des réseaux sociaux. L’appareil de propagande du Parti communiste a été prié de « guider l’opinion publique et de renforcer le contrôle de l’information ». Selon l’organisation China Human Rights Defenders, à la date du 7 février, 351 personnes avaient été « punies » pour « propagation de fausses rumeurs » sur le coronavirus. L’expulsion des trois correspondants du Wall Street Journal, annoncée mercredi 19 février, confirme cette tendance.

La contradiction entre la récente amélioration des chiffres sur la propagation de l’épidémie et le renforcement de la surveillance amène à s’interroger sur les véritables objectifs de celle-ci. Vise-t-elle seulement à protéger la santé de la population, ou permet-elle aussi de limiter encore la liberté des citoyens ? Ces limitations disparaîtront-elles avec l’épidémie ou bien seront-elles intégrées au dispositif ordinaire ? La multiplication des mesures récentes décrites plus haut, ainsi que les nouveaux avertissements lancés aux médecins, ou les cours organisés dans certaines villes de la province du Hubei, épicentre de l’épidémie, pour « rééduquer » ceux qui osent sortir de chez eux sans autorisation ne sont certainement pas de bon augure.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Répression des Ouïgours : à Karakash, la mécanique de l’arbitraire chinois

Cette inquiétude est renforcée par les récentes révélations, par plusieurs médias, dont Le Monde, sur l’ampleur de la répression des musulmans ouïgours dans la province chinoise du Xinjiang, sous prétexte d’un programme de « déradicalisation » à grande échelle. Le recours massif à des bases de données de fichage de la population pour aboutir à l’internement d’un million de personnes au Xinjiang, ajouté à la surveillance de masse due au coronavirus, donne l’image d’un empire du contrôle qui évoque plus Big Brother que celle d’une puissance ascendante respectueuse des règles universelles.

Le Monde

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: