chez les chrétiens de Colombo, le deuil et l’incompréhension

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Dans le quartier endeuillé de Kochikade, à Colombo, les habitants craignent le retour des tensions religieuses.

Par Julien Bouissou Publié aujourd’hui à 06h23, mis à jour à 07h16

Temps de Lecture 7 min.

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Avec son visage légèrement penché sur le côté et son regard noir perdu dans le vague, Dilishya Fernando ressemble à la mater dolorosa, cette « mère de douleur » que l’on aperçoit parfois à l’intérieur des églises de Colombo. Vêtue d’une longue robe bleue, les cheveux soigneusement tressés, elle attend chez elle, assise sur une chaise en plastique, qu’on lui ramène le corps de son mari tué dimanche matin 21 avril par l’explosion d’une bombe, pendant la messe de Pâques, à l’église Saint-Antoine de Colombo.

Au moins 310 personnes ont péri et 500 ont été blessées dans une vague d’attaques coordonnées dans le pays qui a visé dimanche des hôtels de luxe et des églises du pays. Les attentats n’ont pas été revendiqués, mais les autorités sri-lankaises accusent le groupe islamiste local National Thowheeth Jama’ath (NTJ) de les avoir organisés.

« Vous avez de la chance, votre mari est tout entier, a-t-on expliqué à Dilishya Fernando dimanche à l’hôpital, il ressemble à quelqu’un qui dort. » Dans le quartier à majorité chrétienne de Kochikade, où au moins neuf habitants sont morts dans l’attaque-suicide, tous les corps n’ont pas pu être identifiés. Des centaines d’habitants faisaient la queue sous une chaleur accablante, lundi, à la morgue de Colombo pour tenter d’identifier l’un de leurs proches disparus. Certains corps sont tellement mutilés que seule la comparaison d’échantillons d’ADN permet leur identification.

« Sifflement »

Dilishya Fernando attend le cadavre de son mari depuis bientôt trente heures. Elle était avec lui pendant cette messe tragique de dimanche. Comme toutes les autres femmes, elle s’était assise à l’avant de l’église avec ses deux filles, ce qui les a sauvées, pendant que son mari se tenait débout dans le porche où a eu lieu l’explosion. « La bombe a soufflé l’église au moment où nous terminions notre prière en chantant “gloire à Dieu”, se souvient Dilishya. Et puis plus rien, enfin juste des images de mort qui défilaient en silence, je n’entendais qu’un sifflement dans mes tympans. »

Dans son petit salon peint en vert, elle a recouvert d’un drap blanc les étagères remplies de bibelots en porcelaine, a allumé une bougie sur un petit autel fixé au mur et une autre sur le sol en ciment. Un petit chapiteau a été dressé devant la petite maison pour accueillir les voisins, la famille, et une image de l’archange Gabriel a été accrochée à la hâte au-dessus de la porte d’entrée. Dans le quartier, des drapeaux blancs ont été suspendus aux façades des maisons et les rues ont été habillées de fanions noirs et blancs en guise de deuil.

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