Chagos: des «anti-Bancoult» ne renonceront pas au voyage dans leurs îles natales

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Allen Vincatassin ému lors d’une visite à l’ancienne demeure de ses parents, à Diego Garcia.

Allen Vincatassin ému lors d’une visite à l’ancienne demeure de ses parents, à Diego Garcia.

À Maurice comme en Angleterre, des natifs des Chagos, de même que des descendants des déportés, se préparent à faire le voyage dans l’archipel. Cela suite à l’invitation des Anglais pour une prochaine visite dans ces îles. Ces Chagossiens n’hésitent pas à prendre une position contraire à celle adoptée par Olivier Bancoult.

Il est hors de question pour eux de refuser la nouvelle invitation des Britanniques pour une visite des îles de l’archipel des Chagos. Ils n’ont, d’ailleurs, aucune raison de le faire. C’est ce que pensent une partie des Chagossiens regroupés au sein d’associations autres que le Groupe réfugiés Chagos (GRC) d’Olivier Bancoult. À Maurice, certains ont déjà envoyé leurs noms à la British High Commission pour faire partie du prochain voyage, en octobre et novembre de cette année, ou en février 2020.

En Angleterre, les dirigeants de différents mouvements s’organisent actuellement pour envoyer une liste finale des noms des natifs et des descendants des Chagossiens qui souhaitent se rendre sur leurs terres natales pour la première fois. Isabelle Charlot, dirigeante du Chagos Islanders Movement, affirme que le Foreign and Commonwealth Office donne la priorité aux Chagossiens qui n’ont jamais eu l’occasion de voir leur île.

«Je m’occupe des démarches administratives pour les Chagossiens désireux de se rendre aux Chagos chaque année depuis que l’Angleterre a mis à leur disposition un fonds qui est utilisé aussi pour financer ces voyages. Nous ne comprenons pas pourquoi les Chagossiens ne devraient pas profiter de l’occasion de renouer avec leurs terres», soutient la jeune femme.

«Peuple déraciné»

Et que pense-t-elle de la déclaration d’Olivier Bancoult selon laquelle des pourparlers entre le GRC et le gouvernement sont en cours pour un éventuel déplacement aux Chagos sans l’autorisation des Britanniques ? Isabelle Charlot réplique qu’elle ne comprend pas pourquoi cette option n’apparaît que maintenant. «Pourquoi n’a-t-on pas vu cette option plus tôt ? Et pourquoi a-t-on dû aller aux Nations unies si on pouvait organiser le voyage nous-mêmes ?» Du reste, fait-elle ressortir, «Olivier Bancoult était lui-même parmi les premiers à s’être rendus aux Chagos avec les Britanniques. Pourquoi n’est-il pas resté sur l’île lorsqu’il y a fait le déplacement avant ?»

Isabelle Charlot, dirigeante du Chagos Islanders Movement.

Isabelle Charlot estime que les Anglais, à travers la démarche d’organiser un voyage, démontrent qu’ils reconnaissent qu’il existait bel et bien un peuple qui a été déraciné aux Chagos. «Pour moi, les Chagos doivent revenir aux Chagossiens. Pas aux Anglais, ni aux Américains, ni aux Mauriciens. Mais cet avis obtenu aux Nations unies n’oblige pas les Anglais à quitter les Chagos. Ils ont décidé de nous laisser revoir nos terres, nous ne pouvons pas refuser l’option. Au moins, ils nous reconnaissent, c’està- dire les natifs et les descendants. Car ce voyage n’est pas offert à d’autres», soutient-elle.

En Angleterre toujours, c’est aussi ce que pense Allen Vincatassin, président du Diego Garcia and Chagos Islands Council. «Rien que pour avoir le droit de visite pour les Chagossiens vivant en Angleterre, cela nous a pris énormément de temps et nous avons dû négocier. Pourquoi maintenant refuserions-nous d’y aller ? Je suis allé plusieurs fois et j’ai accompagné ceux qui n’y sont jamais allés. C’est une immense émotion que de pouvoir voir les traces qu’ont laissées nos grands-parents lors du déracinement », souligne Allen Vincatassin.

Recueillement

De ses visites, Allen Vincatassin retient surtout les fois où il s’est recueilli devant la demeure de ses parents. Il raconte avoir quitté l’île lorsqu’il était encore bébé mais que ses parents lui ont toujours dit où se situait leur maison. «Lorsque j’ai remis les pieds là-bas, j’ai été étonné de voir que Diego, où je suis né, est une île qui fonctionne. Elle est connectée à Internet, il y a du potentiel pour la création d’emplois. Si on veut que des gens y habitent, c’est parfaitement possible.»

Si en Angleterre, les Chagossiens se sont ouvertement exprimés, à Maurice, ceux suivant le courant «anti-Bancoult» ont opté pour un témoignage anonyme. Leur raison : «Nous attendons de faire une conférence de presse.» Officieusement, ils estiment que la visite organisée par les Anglais est dans leur intérêt. «Pourquoi cherche-t-on la souveraineté à tout prix maintenant ? Maurice appartenait aux Anglais et les Chagos aussi. L’Angleterre a décidé de rendre Maurice sans les Chagos.

Pour moi, il n’y a aucun problème. L’île est aux Anglais», lâche l’un de ceux qui font partie du courant «anti- Bancoult». D’ajouter que ce qui le «dérange, c’est que certains Chagossiens ont reçu des privilèges et d’autres non ! Ma maman est morte sans avoir eu le droit de partir aux Chagos alors que certains s’y sont rendus à plusieurs reprises !».

Ce qu’a dit olivier Bancoult

Sur les ondes de RadioPlus, le dirigeant du GRC a affirmé que le gouvernement mauricien prévoit un voyage pour les Chagossiens avant la fin de l’année. Il est d’avis qu’avec les retombées du vote aux Nations unies, les Chagossiens n’ont plus aucune obligation d’obtenir l’aval des Britanniques pour se rendre aux Chagos. Olivier Bancoult estime aussi que les Britanniques ne pourront pas arrêter les Chagossiens. «Nou pa dir dimounn bizin pa al lor Chagos. Nou mem nou pé atann moman pou alé. Kan nou pou alé, nou pa pou rod permision ek gouvernma Anglé !»

Comment se passe les déplacements jusqu’à l’archipel ?

De l’Angleterre, des Seychelles et de Maurice, les visiteurs sont pris en charge par les Britanniques : leur départ, leur hébergement et leur retour. Des véhicules les emmènent jusqu’aux aéroports respectifs. De là, ils se rencontrent tous à Bahrein, pour ensuite se diriger vers les Chagos dans des avions militaires.


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Lexpress

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