ceux à qui Gao Ertai doit d’avoir survécu

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Dans son récit autobiograhique, l’intellectuel et artiste chinois raconte une vie de persécutions – jusqu’aux lendemains de Tiananmen –, mais aussi de rencontres.

Par Publié aujourd’hui à 08h00

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« En quête d’une terre à soi » (Xunzhao jiayuan), de Gao Ertai, traduit du chinois par Danielle et Mathilde Chou, Actes Sud, 752 p., 26,80 €.

On dit des Européens venus au monde dans les années 1920-1930 qu’ils sont nés dans « l’entre-deux-guerres ». La formule ne s’applique pas aux Chinois. A cette époque, leur pays est en plein chaos. Surtout, pour peu qu’ils n’adhèrent pas au communisme, ­certains d’entre eux n’ont – jusqu’à aujourd’hui – jamais vraiment connu la paix. Sans qu’ils l’aient forcément voulu, sans prétendre être les hérauts de quelque grande cause, leur vie a toujours été et demeure un combat permanent. C’est l’un des mérites d’En quête d’une terre à soi, l’autobiographie de Gao Ertai que de nous le rappeler.

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A la fois philosophe, peintre et écrivain, réfugié aujourd’hui aux Etats-Unis, Gao Ertai ne figure pas parmi les exilés chinois les plus connus même si, dans les années 1980, son influence sur la vie ­culturelle de son pays fut réelle. Mais son existence est à la fois tellement violente et éloignée de celle des intellectuels français nés dans « l’entre-deux-guerres » que son autobiographie intéressera bien au-delà du cercle des férus de Chine. Ces pages sont autant de coups de poing assénés par l’auteur à la terre entière mais aussi à lui-même, ce qui rend le livre ­encore plus attachant et convaincant.

Revendiquer de penser par soi-même sous Mao est suicidaire

« Si j’étais aujourd’hui un nouveau-né, je serais horrifié par la perspective d’une telle vie », avertit Gao Ertai dès la préface. Tout est à l’avenant. Naître en 1935 dans une région occupée deux ans plus tard par les Japonais ne laisse pas présager une enfance sereine. Se lancer dans une carrière artistique peu après l’arrivée des communistes au pouvoir ne revient pas non plus à choisir la facilité. Enfin, revendiquer de penser par soi-même sous Mao est suicidaire. De fait, ce rebelle aurait dû mourir jeune. Son étude Sur le beau, parue en 1957 (non traduite), est une hérésie. Comment oser prétendre que le beau est affaire de goût personnel, puisque le marxisme affirme le contraire ?

Pour ce crime, Gao Ertai est envoyé à Jiabiangou, un « camp de rééducation » dont la plupart des détenus sont morts de faim. Une des pages les plus sombres du maoïsme, récemment mise en lumière par le documentaire de Wang Bing, Les Ames mortes (2018), le « Shoah chinois ». Gao Ertai y survit, certes, mais le répit est de courte durée. Affecté dès 1962 à l’institut chargé de la préservation des 492 grottes de Mogao, qui abritent autant de temples bouddhistes, Gao ­Ertai est, dès le début de la Révolution culturelle (1966), classé parmi les « esprits bovins et réincarnations de serpent » et réduit, des années durant, à passer le balai.

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