« Cette crise nous montre à quoi doivent ressembler les villes de demain »

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La pandémie de Covid-19 a permis à la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, de redonner une visibilité à sa fonction. Jusque-là, les gouverneurs japonais tendaient à suivre les instructions du gouvernement. Grâce à une communication claire et à des messages efficaces, sa gestion du virus, qui avait contaminé, le 9 juin, 5 396 personnes et fait 311 morts à Tokyo, est apparue plus convaincante que celle de l’administration du premier ministre, Shinzo Abe. Cela pourrait faciliter sa réélection lors du scrutin prévu en juillet, même si elle doit par ailleurs faire face à une polémique sur son parcours universitaire. Contrairement à ce qu’elle affirme, elle n’aurait jamais obtenu de diplôme à l’université du Caire, en Egypte, où elle a étudié la sociologie dans les années 1970. Un tel mensonge pourrait être une infraction à la loi électorale. Douzième épisode de notre série de quatorze entretiens avec des maires de métropoles mondiales, sur leur vision de la ville après la pandémie due au coronavirus.

Même si Tokyo reste « en alerte », la pandémie de Covid-19 semble maîtrisée. Quel premier bilan tirez-vous de la crise ?

Je remercie les citoyens de Tokyo. Le virus se transmet entre humains et s’est propagé dans la capitale. Dans cette situation, j’ai proposé à la population une mesure appelée « stay home ». C’était une simple demande de rester à la maison car la loi interdit de contraindre les gens. La mesure est restée en place jusqu’au 6 mai. Les gens l’ont respectée même s’ils ne risquaient aucune amende ou sanction.

Yuriko Koike lors de la conférence de presse à Tokyo, le 24 mars. Elle annonce le report des Jeux Olympiques à l’été 2021.

Voyez-vous dans cette pandémie une chance de transformer la ville ?

Cette crise nous indique à quoi doivent ressembler les grandes villes de demain. Elle nous oblige à créer un nouveau quotidien. Ainsi pour le télétravail. Je le promouvais avant la pandémie, en vain. Pendant ces semaines de « stay home », nous avons constaté que la part des entreprises de plus de 30 salariés recourant au télétravail est passée de 24 % à 62 %. L’enseignement à distance par Internet n’existait pas. Il a fallu le mettre en place pour pallier la fermeture des écoles. Sur le plan hospitalier, ce fut difficile mais nous avons pu assurer un nombre suffisant de lits pour les malades du Covid-19.

« Le risque d’une deuxième vague n’est pas exclu, comme l’a montré la grippe espagnole »

En parallèle, les gens ont pris l’habitude des « trois règles » : éviter les foules, éviter les lieux clos et respecter la distanciation physique. Cela s’est ajouté au lavage des mains et au port du masque, commun au Japon depuis la grippe espagnole d’il y a un siècle. La sensibilisation s’était faite alors à travers des campagnes d’affichage contre « la bactérie terrifiante ». L’usage s’est généralisé et, aujourd’hui, je constate que même les Français s’y sont mis.

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