« C’est l’appauvrissement de la classe moyenne américaine qui est le premier facteur du succès populiste »

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Le président américain, Donald Trump, à Sunrise (Floride), le 26 novembre 2019.
Le président américain, Donald Trump, à Sunrise (Floride), le 26 novembre 2019. YURI GRIPAS / REUTERS

Chronique. Les immigrés prennent nos emplois en acceptant des salaires plus bas, ils pratiquent une religion contraire à notre culture et à nos lois, ils peuplent nos prisons et menacent notre sécurité, ils obéissent à des autorités étrangères, ils bénéficient de l’aide sociale et de la citoyenneté octroyées de façon trop laxiste par l’administration. S’agit-il des derniers Tweet de Donald Trump contre les Latinos ou des derniers propos de plateau d’Eric Zemmour sur les « arabo-musulmans » ? Pas vraiment : les immigrés en question sont des Irlandais catholiques, et ces affirmations figurent pour partie dans le discours d’investiture du gouverneur du Massachusetts Henry Gardner, vainqueur des élections de 1854 à la tête du Know Nothing Party, et pour partie à la « une » du journal The American Patriot, organe de cette formation politique aujourd’hui totalement oubliée. Les citoyens du Massachusetts avaient pourtant donné 62 % des voix à Henry Gardner et 374 sièges de représentants sur 379 à ce parti qui, cette année-là, avait également conquis six autres Etats, ainsi que les mairies de Boston, Chicago et Philadelphie et d’un millier d’autres municipalités aux Etats-Unis.

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Son nom étrange provient du fait qu’étant à l’origine une société secrète ses membres avaient pour consigne de répondre « je ne sais rien » si on les interrogeait, rappelle Marcella Alsan, professeure à la Harvard Kennedy School. Avec ses collègues économistes du National Bureau of Economic Research (NBER) Katherine Eriksson (université de Californie à Davis) et Gregory Niemesh (université de Miami), elle a recherché les motifs de ce vote en croisant la cartographie des résultats électoraux avec celle des recensements de population et des enquêtes sur la force de travail menés à l’époque dans le Massachusetts.

Les chercheurs rappellent d’abord que, à la suite de la famine qui frappe l’Irlande en 1848, l’immigration irlandaise vers les Etats-Unis explose : 1 million d’Irlandais traversent l’Atlantique pour la seule année 1855. Boston en accueille 100 000 entre 1841 et 1851 ; la population de la ville augmente de 25 % sur la période, celle des étrangers de 85 %.

Pratique religieuse ostentatoire

Les résultats de l’étude montrent que, au-delà des reproches adressés aux Irlandais par la propagande – leur origine européenne, leur obéissance au pape, la pratique ostentatoire du catholicisme –, le Know Nothing Party remporte plus de succès non seulement dans les circonscriptions où l’arrivée de migrants est la plus forte, mais plus encore dans celles où la part de travailleurs déqualifiés a le plus fortement augmenté. Entre 1845 et 1855, la production industrielle du Massachusetts passe de 83 millions à 215 millions de dollars. Cet essor spectaculaire, dû en grande partie à l’achèvement des canaux reliant l’océan au lac Erié et du réseau de chemin de fer, nécessite une abondante main-d’œuvre peu qualifiée pour travailler dans les usines.

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