« C’est la fin des Kurdes de Syrie »

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Face aux bombes et aux milices, au retour du régime de Damas et à l’éventuelle résurgence de l’EI, les habitants du nord-est de la Syrie sont de plus en plus nombreux à passer la frontière.

Par Publié aujourd’hui à 06h11, mis à jour à 06h15

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Des réfugiés syriens rejoignent le camp de Bardarash depuis Suhaila, près de la frontière irako-syrienne, le 20 octobre.
Des réfugiés syriens rejoignent le camp de Bardarash depuis Suhaila, près de la frontière irako-syrienne, le 20 octobre. LAURENCE GEAI POUR « LE MONDE »

Dix jours avant de traverser la frontière irakienne, Mahmoud Issa, 37 ans, donnait des cours d’anglais dans un établissement scolaire de Ras Al-Aïn, ville kurde et arabe du nord-est de la Syrie. Aujourd’hui il mange du riz arrosé de sauce tomate dans une barquette en plastique sous la tôle d’un hangar des forces armées kurdes irakiennes, les peshmergas, près d’un village perdu dans des méandres de collines brûlées de la frontière entre l’Irak et la Syrie.

Entre-temps, les bombes turques ont commencé à tomber près de chez lui et des bandes islamistes à la solde d’Ankara ont traversé la frontière. Les images de leurs méfaits, humiliations et exécutions sommaires ont semé la terreur. Depuis, le régime syrien a amorcé son retour dans les localités du nord-est du pays.

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Jeté sur les routes avec les siens comme 300 000 autres Syriens du nord du pays, Mahmoud Issa a erré de ville en ville avant de se faire une raison. « En Syrie, avec le régime, les Turcs et Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique, EI] qui va profiter de la situation, il n’y a plus rien de bon… » Au point de le contraindre aux incertitudes de l’exil. Il a vu son pays se refermer sur lui, comme un piège, comme sur son épouse et ses enfants, plus jeunes que la guerre elle-même. Il a fallu partir.

Alors le professeur d’anglais a pris la route de la frontière, vers les steppes où rien ne sort de terre sinon les lourdes colonnes de fumée noire qui signalent les raffineries clandestines des trafiquants d’essence, vers les villages aux maisons basses et les routes perdues où chaque nuit, l’obscurité se fait complice des contrebandiers, des ombres en armes, des tueurs de tous bords.

Frontière trouble

Comme des centaines d’autres réfugiés, Mahmoud Issa a dû mettre le destin de sa famille entre les mains des seigneurs de cette frontière trouble, les Bédouins de la tribu des Chammar, autrefois éleveurs de chameaux devenus passeurs hors pair qui, pour 750 dollars (675 euros), ont emmené la famille du professeur à dos de mule vers les positions des peshmergas, côté irakien. Les combattants kurdes les ont recueillis avec des dizaines d’autres familles de réfugiés kurdes syriens.

Cette nuit-là, ils étaient un millier – hommes, femmes et enfants –, à être passé. Deux jours plus tard, le 22 octobre, ils étaient près de 1 300, portant le nombre de réfugiés syriens présent au Kurdistan irakien à près de 5 400, selon le Norwegian Refugee Council, une ONG présente en Irak et en Syrie.

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