« C’est en Pologne, avec Solidarnosc, que le mur de Berlin s’est fissuré »

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Le syndicat ouvrier créé en 1980 a « décrédibilisé le Parti communiste » et dans son sillage, des millions de Polonais ont exigé la liberté et le retour de leur identité nationale. Mais c’est cette dernière qui a pris le pas sur la « sensibilité démocratique », rappelle, dans une tribune au « Monde », le journaliste et ancien militant de Solidarnosc.

Publié aujourd’hui à 03h48 Temps de Lecture 9 min.

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Des sympathisants de Solidarnosc rassemblés pour assister à la messe célébrée par le Pape Jean Paul II, à Szczecin (Pologne), en juin 1987.
Des sympathisants de Solidarnosc rassemblés pour assister à la messe célébrée par le Pape Jean Paul II, à Szczecin (Pologne), en juin 1987. MARCEL MOCHET / AFP

Je me souviens parfaitement de ce soir de novembre. Dans mon pays, en Pologne, nous avions un nouveau gouvernement dirigé par Tadeusz Mazowiecki, conseiller depuis de nombreuses années de Lech Walesa. Ce jour-là, Varsovie accueillait la visite officielle d’une importante délégation de la République fédérale d’Allemagne avec à sa tête le président Richard von Weizsäcker, le chancelier Helmut Kohl et le ministre des affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher.

J’étais présent lors de la rencontre avec Genscher. Au cours de la discussion, très intéressante, un collaborateur du ministre est entré dans la pièce et lui a tendu une petite note. Genscher a lu le message, m’a regardé et m’a dit : « Le mur de Berlin a été ouvert. » J’ai émis un cri de joie et d’étonnement mêlés, j’ai dit au revoir et je me suis précipité à la rédaction de Gazeta [le quotidien polonais Gazeta Wyborcza, qu’il a fondé en mai 1989] pour écrire quelques mots de commentaire en « une » du journal. Voilà ce que j’ai écrit à l’époque : « Personne ne sait quelles seront les conséquences réelles de la liquidation du mur de Berlin. Pour autant, ce qui s’est passé est irréversible : on ne tire plus sur les gens. A Berlin, au cœur de l’Europe, dans le combat entre la liberté et les barbelés, la liberté a gagné. »

Carton rouge sur la dictature

Aujourd’hui, à la question « Pourquoi le communisme est-il tombé ? », les réponses divergent. Les uns mettent l’accent sur le rôle de l’Ostpolitik [« politique vers l’Est » mise en œuvre par Willy Brandt, chancelier allemand de 1969 à 1974] et de la conférence d’Helsinki sur la sécurité et la coopération en Europe (1973-1975), qui ont favorisé la détente. D’autres soulignent le rôle de Jimmy Carter, président des Etats-Unis (1976-1980), qui a fait des droits de l’homme l’étendard des aspirations à la liberté, ou aussi celui du président Ronald Reagan (1980-1988), qui a nommé l’Union soviétique l’« empire du mal » et lui a livré une guerre idéologique totale. La guerre en Afghanistan a joué un très grand rôle en affaiblissant militairement et politiquement les dictateurs du Kremlin.

Cependant, avec le recul, le plus important a été ce qu’a représenté Solidarnosc, cette confédération nationale de plusieurs millions de Polonais qui luttaient pour la liberté et l’indépendance et qui, du fait de son caractère ouvrier, a totalement décrédibilisé le Parti communiste et les slogans de la dictature du prolétariat. Le prolétariat polonais a mis à cette dictature un carton rouge.

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