Cent deutschemarks, le cadeau de bienvenue de l’Allemagne de l’Ouest aux citoyens de l’Est

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Publié aujourd’hui à 01h47, mis à jour à 03h01

Les rares photographies sépia figeant l’événement n’ont pas la valeur iconique des images du mur de Berlin éventré à coups de burin ou émietté à la force des phalanges. Ces clichés de files d’attente serpentant sur les trottoirs de Berlin-Ouest devant l’entrée d’agences bancaires témoignent pourtant d’une révolution aussi douce que puissante. Une révolution de porte-monnaie. Le versant mercantile de l’ouverture des frontières de l’Allemagne de l’Est, décrétée, avec effet immédiat, le jeudi 9 novembre 1989, à 18 h 57, lors de la conférence de presse funambulesque de Günter Schabowski, chargé de communication du Politburo.

Les silhouettes de ces clichés sont celles de familles qui ont à peine franchi les postes-frontières. Quelques instants plus tard, chacun fera tamponner son document d’identité en échange d’un billet bleuté de 100 deutschemarks, la monnaie de l’Ouest – l’équivalent, en pouvoir d’achat, d’environ 82 euros aujourd’hui. Ces « Ossies » feront ainsi valoir leur premier droit de citoyen après celui d’aller et venir : consommer. Bénéficier du Begrüßungsgeld – l’« argent de bienvenue » – en guise d’introduction ludique au capitalisme. Le concept est le nom d’un programme introduit dès 1969, appliqué jusque-là selon des règles strictes.

« On estime que près de 16 millions de citoyens de l’Est sont venus réclamer leur argent [presque la population totale], soit un total de 1,8 milliard de deutschemarks. » Sören Marotz, historien

« Le Begrüßungsgeld est une révolution pacifique, sans révolutionnaires. Elle peut paraître anecdotique mais aura marqué durablement le processus de réunification, jusqu’à la psychologie des bénéficiaires », analyse l’historien Sören Marotz, directeur de la collection du Musée de la RDA, à Berlin. Il enfile des gants blancs et manipule précautionneusement l’une des reliques extraites des archives : un Walkman dont il semble faire l’article pour une émission de télé-achat. Ce fut son premier investissement personnel côté Ouest.

« On estime que près de 16 millions de citoyens de l’Est sont venus réclamer leur argent [presque la population totale], soit un total de 1,8 milliard de deutschemarks [certains l’ont récupéré plusieurs fois, et la Bavière offrait 140 deutschemarks par personne…], ce qui représentait alors 1 % du PIB de la RFA », précise Sören Marotz. Les files d’attente se forment d’abord devant toutes les banques de Berlin-Ouest. En particulier les succursales de la Sparkasse. Cette enseigne réconfortante, également déployée à l’Est, y distribuera près de 80 % du pactole jusqu’au 29 décembre 1989, fin d’une expérience dont le succès aura pris de court les trésoriers du gouvernement chrétien-démocrate de Helmut Kohl.

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