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Le nouveau gouverneur de l’institution a annoncé une baisse de 425 points de base du principal taux d’intérêt, à 19,75 %. C’est la plus forte baisse depuis dix-sept ans.
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Comme le souhaitait le président Recep Tayyip Erdogan, Murat Uysal, le nouveau gouverneur de la Banque centrale de Turquie (BCT) a décidé, jeudi 25 juillet, d’abaisser le principal taux d’intérêt de l’institution à 19,75 %, contre 24 % auparavant, soit une baisse de 425 points de base, bien plus forte que celle anticipée par les marchés. Cette baisse, la première de cette ampleur depuis dix-sept ans, était attendue. La BCT, dans un communiqué publié à l’issue de la réunion de son comité monétaire, l’a justifiée notamment par « le ralentissement de l’activité économique globale » et par « l’amélioration constante » du taux d’inflation (15,72 % en juin contre 18,71 % en mai).
Alléger les taux est l’idée fixe de M. Erdogan, avide de contrôler la politique monétaire depuis que ses pouvoirs présidentiels ont été élargis en 2018. Marqué par son éducation religieuse, selon laquelle l’usure est haram (« péché »), le numéro un turc mène une guerre sans merci contre les taux d’intérêts élevés, convaincu qu’ils ne font qu’aggraver l’inflation.
Maintenir le taux directeur à 24 %, comme c’était le cas depuis septembre 2018, était pour lui « inacceptable ». Pour avoir refusé de se plier aux injonctions présidentielles, Murat Cetinkaya, le gouverneur précédent, a été limogé le 6 juillet. La marge de manœuvre de son successeur est étroite car il est pris en étau entre les pressions exercées par M. Erdogan et les attentes des investisseurs, alarmés par les incohérences de la politique économique turque et par les tensions géopolitiques.
Une popularité émoussée
Pour avoir acquis les missiles russes de défense antiaérienne S-400, dont les premiers éléments ont été livrés à Ankara ces jours-ci, la Turquie est menacée de sanctions par les Etats-Unis qui l’ont d’ores et déjà exclue du programme de fabrication des chasseurs furtifs américains F-35. Cette éviction risque de peser sur l’industrie turque de défense, dont les entreprises fabriquaient jusqu’ici plus de 900 pièces détachées pour le F-35.
Moins de trois semaines après sa nomination, le gouverneur a dû montrer sa loyauté au président, confirmant la perte d’indépendance de la banque centrale. Un mauvais travers sanctionné, le 12 juillet, par l’agence de notation financière Fitch qui, quelques jours après l’éviction de Murat Cetinkaya, a abaissé d’un cran la note souveraine de la Turquie, l’assortissant d’une perspective négative. Dans son communiqué, Fitch signalait « la détérioration de l’indépendance des institutions ».
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