« Ce sont les 800 millions d’agriculteurs qui feront l’élection législative indienne »

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L’économiste Leïla Choukroune décrit dans une tribune au « Monde » l’enjeu que représente la situation catastrophique de l’agriculture dans les élections législatives qui se tiennent en Inde du 11 avril au 19 mai.

Publié aujourd’hui à 15h00 Temps de Lecture 5 min.

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« Quarante-cinq millions de jeunes Indiens ont fêté leurs 18 ans depuis la dernière échéance électorale. Ces nouveaux électeurs sont un élément-clé du scrutin d’avril-mai » (démonstration du vote électronique, à Amritsar, le 18 avril).
« Quarante-cinq millions de jeunes Indiens ont fêté leurs 18 ans depuis la dernière échéance électorale. Ces nouveaux électeurs sont un élément-clé du scrutin d’avril-mai » (démonstration du vote électronique, à Amritsar, le 18 avril). NARINDER NANU / AFP

Tribune. « Cette fois, je ne voterai pas. » Dans les Etats indiens, très peuplés, de l’Uttar Pradesh ou du Maharashtra, un nombre croissant d’agriculteurs indiens expriment leur colère en refusant de voter aux élections législatives (11 avril-19 mai). Avec 800 millions d’Indiens dépendant de l’agriculture et 40 % de la main-d’œuvre employée dans ce secteur, le monde paysan représente une manne électorale considérable.

Profondément déçus par les promesses non tenues, y compris celles de l’actuel premier ministre Narendra Modi qui s’était hissé au pouvoir, en 2014, au nom des ache din (les bons jours), les agriculteurs indiens feront encore une fois l’élection de 2019, mais sans doute un peu plus par leur refus d’y participer.

Désespoir des paysans

Les jours meilleurs ne sont, en effet, pas venus et le sort des campagnes n’a fait qu’empirer. La baisse du prix des matières premières, additionnée aux sécheresses en série et leurs lots de maigres récoltes, a profondément touché une population qui se perçoit comme les laissés-pour-compte du miracle économique indien. De multiples mouvements de protestation ont eu lieu dans toute l’Inde sur fond de crimes haineux visant les musulmans soupçonnés de mauvais traitements à l’encontre des vaches sacrées hindoues, et d’une augmentation record du taux de suicide des paysans. Très lourdement endettés, les agriculteurs n’ont eu de cesse de réclamer un effacement de leur dette et la garantie des prix agricoles.

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Ces doléances sont restées lettre morte en dépit de la création par le gouvernement, en février, d’un revenu annuel minimum garanti de 6 000 roupies (76 euros) pour les petites exploitations, un geste politique largement interprété comme une tentative non dissimulée d’achat du vote rural.

La baisse du prix des matières premières et les sécheresses en série ont profondément touché une population qui se perçoit comme les laissés-pour-compte du miracle économique indien

Mais il y a bien plus en jeu que les 543 sièges de députés dans ce désespoir des paysans indiens.

Largement subventionnée, l’agriculture indienne est au centre d’une polémique mondiale sur la légalité des aides agricoles. En mars, le Brésil et l’Australie ont formulé un recours contre l’Inde devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) au sujet des subventions de la canne à sucre et du sucre. Celles-ci seraient contraires aux accords signés sur l’agriculture (GATT 1994) et sur les subventions et mesures compensatoires. La mise en place du National Food Security Act indien [de 2013] a aussi été largement critiquée.

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