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Et pourquoi pas ? Mais avant, on fait le point sur ce qui interpelle, étonne, suscite la méfiance parfois…
Le mot chaman prend sa source dans « saman », issu de la langue toungouse, autrefois parlée dans l’Asie du nord et de l’est (en Sibérie et dans une partie de la Chine). Saman signifie « prêtre, médecin » mais aussi « celui qui bouge, s’ébroue » parce qu’il est traversé par des esprits et se secoue pour les laisser descendre. Le chamanisme évoque une façon d’être en lien avec la nature, une aptitude à accompagner sur le chemin de guérison, le corps et l’esprit. Cette spiritualité, teintée de magie, articulée autour de rituels, est incarnée par des chamans dont on a coutume de dire qu’ils naissent deux fois, la seconde fois étant celle où ils ont traversé une épreuve de vie qui les a révélés, souvent après avoir frôlé la mort. Il est difficile de dater les origines du chamanisme d’autant plus que l’on en devine même des représentations dans les peintures retrouvées dans les grottes de Lascaux ! On peut considérer que le chamanisme est présent autant en Sibérie, en Asie centrale, en Mongolie, en Corée du sud, qu’en Amérique ou en Afrique.
Les outils du chamanisme
Le lieu de pratique est souvent une yourte, symbole de verticalité, du lien entre le monde souterrain, le monde terrien et le ciel. Le chemin étant tracé entre ces trois plans par la fumée sortant de la yourte. Afin de se mettre en conditions de réceptivité aux rites chamaniques, le chaman peut inviter à combiner isolement, jeûne, prise de psychotropes. Des décoctions de plantes, 100 % naturelles, permettront de mieux se mettre en lien avec la nature et plus précisément avec la forme, animale le plus souvent, dans laquelle on se projette. Cette forme va modifier la perception du monde environnant. La fumigation à base principalement de sauge, de cèdre ou encore de foin, permet de purifier l’atmosphère du lieu de pratique. Peut alors commencer le « voyage », dont le chaman est l’initiateur. Ce voyage intérieur met en lien avec des traumatismes antérieurs avec l’objectif de se libérer pour ne plus vivre à travers eux sa vie terrestre. On se relie alors aussi à ses rêves, les bons comme les mauvais. Pour ces derniers, le chaman propose de fabriquer un capteur de rêve, « dream catcher » (d’origine amérindienne), destiné à les emprisonner pour ne donner accès qu’aux rêves considérés comme utiles. Le capteur de rêves est composé d’éléments naturels (bois, plumes, cuir, soie). Il est constitué d’un anneau central autour duquel sont disposés les accessoires et ficelles destinés à capturer les mauvais rêves… Le tambour, outil de communication du chamane pendant le rituel, conduit à une transe. Il peut aussi céder la place à un hochet (surtout chez les chamans sud-américains) et illustre la connexion entre le monde terrestre et le monde spirituel. La sphère du hochet étant l’univers ; les graines à l’intérieur, les âmes des ancêtres ; le manche du hochet dans la main du chaman établissant le lien entre les deux. Et pour entrer en contact avec les entités présentes à lui, le chaman entre en état extatique dans le but ultime de prendre soin de sa communauté.
Chaman 2.0
Pour comprendre en quoi consiste une retraite chamanique aujourd’hui, nous avons suivi Anne Cazaubon. Cette ancienne journaliste est coach, conférencière, animatrice de constellations familiales. Elle se définit comme « chamane du bitume ». « J’aime l’idée d’introduire le chamanisme en ville, autour d’un mandala avec des feuilles, un rituel de solstice en plein Paris. Le principe est de toujours apporter un élément de nature comme un coquillage, qui évoque l’eau, le bâton de parole en bois, pour la forêt, le tambour avec la peau animale, la sauge pour faire les fumigations. Les chamans vont plonger dans leurs propres ténèbres pour pouvoir ensuite plonger dans celles des autres et rétablir l’harmonie. On vient voir le chaman quand il y a quelque chose qui bloque et se répète. Une retraite chamanique est une voie de développement personnel. Au cours d’une retraite, le chant du tambour reconnecte à la pulsion de vie car il est frappé d’une manière rythmique rappelant son propre battement de cœur et celui de sa mère. Écouter le tambour, c’est prononcer un deuxième oui à la vie, déjà posé in utero », conclut Anne.
La retraite pas à pas
Tout d’abord, par définition, on se met en retrait dans un espace dédié à la retraite chamanique. Sans sollicitation, sans téléphone… On s’installe en cercle et on se passe un bâton de parole qui sacralise la parole. « La règle est que l’on n’interrompt pas la personne qui tient ce bâton. On vient déposer sa vérité à cet endroit-là et c’est sacré. Ensuite, il y a un espace de mise en mouvement avec beaucoup de corporalité, de la danse médecine car le corps seul peut venir parler, par un cri, une larme. » Le chaman est là pour guider, aider à alchimiser mais surtout pas faire à la place de l’autre. Anne introduit l’art thérapie, le dessin spontané, les constellations. « Je pratique toujours les constellations qui repositionnent physiquement et symboliquement chacun dans sa légende familiale. Enfin, il y a des rituels comme : mettre en terre, rendre au feu, déposer un fardeau…, pour donner une forme à ce que l’on a à l’intérieur de soi. »
Le bon choix
Vérifiez que votre état de santé est compatible avec les activités proposées, notamment s’il y a un jeûne et que celui-ci sera bien accompagné. Lisez les avis, interrogez d’anciens pratiquants. « Écoutez sur Youtube, sur un podcast ou sur les réseaux sociaux, ce que raconte la personne qui organise la retraite. Soyez alors attentif à votre ressenti. De manière plus objective, assurez-vous que cette personne insiste sur le fait que ce qu’elle propose n’est pas “la” vérité mais “sa” vérité. Vérifiez que la retraite prévoit des espaces de paroles. Le thérapeute doit impérativement être supervisé, n’hésitez pas à lui poser la question avant toute inscription. Il ne doit pas vous promettre qu’il va vous “soigner” mais vous guider vers votre guérisseur intérieur », insiste Anne. Le bénéfice promis ? Que la personne sortira de la retraite plus apaisée, reconnectée à ses propres ressources intérieures et à celles du monde qui l’entoure. Physiquement, elle peut se sentir plus légère, comme si le poids sur une zone du corps en tension s’était évanoui. Une retraite intégrative, étonnante à vivre comme une opportunité de se (re)découvrir et de reprendre confiance en soi…
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