Catherine Marchi-Uhel, la vigie des crimes en Syrie

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Publié aujourd’hui à 01h38

Catherine Marchi-Uhel, au siège de l’ONU, à Genève, le 25 mai 2021.

Au siège des Nations unies (ONU), à Genève, la magistrate Catherine Marchi-Uhel reçoit dans le jardin d’hiver d’une villa cossue destinée à accueillir les délégations internationales. « Ça change de mon conteneur en Bosnie », confie celle dont la longue carrière de diplomate a amené à travailler, entre autres, dans les Balkans, au Rwanda et au Cambodge.

Cette fois, c’est loin du pays concerné que, depuis août 2017, la Française dirige le Mécanisme international, impartial et indépendant (MIII ; en anglais, IIIM, prononcer « triple I, M » ), chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011 et d’aider à juger ceux qui en sont responsables.

C’est peu dire que Catherine Marchi-Uhel n’attendait rien de l’élection présidentielle du 26 mai, où Bachar Al-Assad briguait un quatrième mandat (dont le résultat, non divulgué à l’heure où nous bouclons, ne devrait faire aucun doute), le deuxième depuis le début de la guerre.

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Son agenda à elle est judiciaire. Il y a un an tout juste s’est tenu à la Haute Cour régionale de Coblence, en Allemagne, un procès historique : celui d’Eyad Al-Gharib, un ancien membre des services syriens de renseignement, et d’Anwar Raslan, un ex-colonel, tous les deux jugés pour crimes contre l’humanité. Et ce, en partie grâce au travail de conservation et d’analyse des preuves réalisé par le MIII. Le premier a été condamné fin février, faisant de la cour allemande la première au monde à rendre un verdict sur les crimes commis par le régime de Bachar Al-Assad.

Deux millions de fichiers

A ce jour, l’équipe d’une cinquantaine de personnes – enquêteurs, analystes, juristes et autres spécialistes de la gestion de la preuve – que dirige Catherine Marchi-Uhel a reçu plus d’une centaine de requêtes en assistance, émanant d’une douzaine de juridictions, principalement européennes. Alors que le conflit a dépassé les dix ans au compteur en mars, cette étroite collaboration internationale commence à porter ses fruits.

« Le Mécanisme est un facilitateur de justice, analyse Catherine Marchi-Uhel. Nous ne sommes pas amenés à rendre nous-même la justice, nous ne sommes pas un tribunal, et ne pouvons pas poursuivre directement. En revanche, nous intervenons en soutien de ces instances qui ont la capacité de poursuivre. »

Sorte de dépôt géant de toute la documentation relative aux exactions commises lors de la guerre civile syrienne, le Mécanisme rassemble aujourd’hui une base de données de deux millions de fichiers. Face à la masse des vidéos existantes, l’équipe vient d’ailleurs d’augmenter sensiblement sa capacité de stockage. « Il existe plus d’heures de films que d’heures de conflit », résume la juge, qui estime que le conflit syrien est le plus documenté depuis la seconde guerre mondiale.

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