«Cadeau» de fin d’année: Brenda jetée pour n’avoir pas lavé son linge sale en famille

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Brenda a été poussée hors du toit parental, il y a trois semaines.

Brenda a été poussée hors du toit parental, il y a trois semaines.

Alors que de nombreux Mauriciens s’apprêtent à célébrer la Saint-Sylvestre dans le confort de leur maison, dans un restaurant huppé ou un hôtel cossu, Brenda*, 23 ans, est à la rue. Elle a été poussée hors du toit familial pour la énième fois, son père n’ayant pas digéré qu’elle ait osé dénoncer son frère qui l’a abusée sexuellement alors qu’elle n’avait que 12 ans. Depuis, elle a cherché le réconfort auprès d’hommes qui lui ont fait chacun un enfant avant de la larguer. Récit d’une histoire vraie et triste, qui ne laisse pas insensible.

Brenda a été poussée hors du toit parental, il y a trois semaines. Son benjamin d’un an et demi ne la lâchant pas d’une semelle, elle s’est retrouvée à la rue avec lui. Elle n’a pu emmener son aînée, une fillette de trois ans, car elle ne savait pas où elle allait crécher et dans quelles conditions. Brenda a fini par trouver quelque part à loger chez une amie. Mais elle a dû s’en aller car l’amie en question vit elle-même chez ses beaux-parents.

Depuis quatre jours, Brenda a trouvé refuge dans un centre. Les premières difficultés d’adaptation passées, elle s’y est faite et semble très à l’aise dans cet environnement protégé. Sa robe de couleur orange et aux manches lui découvrant partiellement les bras est très seyante. «Je suis venue ici rien qu’avec mon enfant et ce que j’avais sur le dos. C’est dans le centre qu’on nous a habillés mon petit et moi. C’est d’ailleurs la première fois que je porte une robe aussi courte (NdlR : entendez par là, une robe lui arrivant aux genoux) car chez moi, je devais porter des vêtements couvrants et descendant jusqu’aux chevilles.»

Au fur et à mesure que l’on écoute son histoire, on se rend compte qu’elle a grandi dans un foyer où sa mère, une femme au niveau d’éducation peu élevé, s’est toujours écrasée devant son autocrate de mari, membre d’une secte. Dans cette famille, les femmes n’ont pas droit à la parole, ni de revendiquer quoi que ce soit et doivent toujours être couvertes. «Mon père répète toujours que quand on vit chez lui, on doit lui obéir et que ce n’est qu’au moment où on aura notre maison que nous y ferons ce dont nous aurons envie.»

Comme elle n’est pas baptisée, son père refuse qu’elle suive le catéchisme à l’école. Il décide qu’elle apprendra l’arabe et fera des études islamiques. C’est ce qu’elle fait, bénéficiant de beaucoup de soutiens à cet effet. Mais lorsqu’on lui propose de se convertir à l’islam, son père refuse. Elle n’a le droit que d’aller à l’école et de rentrer à la maison. Lorsqu’elle se rebelle, il la met à la rue. «Kan to kont so lalwa, li met twa deor.» Ne sachant pas où aller, elle a vite fait de rentrer dans les rangs.

Les sorties lui sont interdites et elle n’a même pas le droit de regarder la télévision. Son frère, de six ans son aîné, est battu parfois. «On vit à plusieurs dans la même chambre et il arrivait que mon père tente d’avoir des relations avec ma mère alors qu’il nous croyait endormi. Elle refusait en raison de notre présence et se faisait engueuler.»

À 12 ans, elle est abusée sexuellement par son frère. Il l’embête en lui donnant de l’argent à chaque fois qu’il a des relations avec elle. «Li ti pé kouyonn mwa ar kas. Mo papa ti pé travay mason ek donn mwa Rs 2 pocket money. Mo frer ti pe donn moi Rs 20 pou mo pa dir naryé.» Elle se laisse abuser ainsi pendant un an et n’en pouvant plus, elle en parle à une amie d’école qui va tout raconter à la rectrice. Celle-ci avertit les autorités et c’est la confrontation avec la Child Development Unit. Brenda est choquée car son père fait son frère prendre la fuite et au lieu d’interroger son fils à propos de ses actes, il déclare d’emblée aux autorités que si son fils a vraiment violé et sodomisé sa fille, il ira en prison sa place car ce dernier est trop jeune pour être incarcéré. «Mon père n’a jamais voulu me croire. Il n’a jamais ne serait-ce que demandé à mon frère s’il l’avait fait ou pas.»

À partir de là, la vie devient invivable pour Brenda. Son oncle et sa tante font pression pour qu’elle enlève la déposition qu’elle a faite contre son frère et lui font culpabiliser.

De guerre lasse, elle s’exécute. Son frère finit par réintégrer la maison familiale mais depuis, il la laisse tranquille. Et lorsqu’en se rendant à l’école, elle rencontre un jeune homme qui fait battre son coeur, elle pense d’emblée qu’il s’agit d’une porte de sortie possible et vit la relation en cachette. «Ler mo zwenn enn garson, dan mo latet se liberté pou kit kot mwa ek alé.» L’homme en question prend ses jambes à son cou lorsqu’elle lui annonce qu’elle est enceinte.

Et lorsqu’elle l’annonce à ses parents, sa mère reste enfermée dans son mutisme alors que son père la traite de tous les noms, y compris de p… Il la jette à la rue et elle trouve refuge chez sa tante. Il accepte de la reprendre à condition qu’elle donne le bébé en adoption dès qu’elle accouche. Si au début Brenda accepte, lorsque sa petite fille naît, elle refuse de la donner et la déclare à son nom. «Mo’nn dimann li pardon ek linn repran mwa mé toulétan li réprosé ki li oblizé swagn mwa ek mo zanfan.» Elle est obligée de lui verser la pension qu’elle reçoit de la Sécurité sociale. «Li fer tou pou lizié dimounn.»

Elle continue à fréquenter l’école et réussit jusqu’en deuxième année de Form VI. Elle rencontre un autre homme et là, encore, elle est persuadée que c’est sa porte de sortie de chez elle. Or, elle tombe à nouveau enceinte. Cette fois, elle est rejetée par la famille de l’homme avec qui elle sort et qui s’avère être un récidiviste. «Et ça, je ne le savais pas. À l’heure qu’il est, il est peut-être en prison.» Elle accouche d’un petit garçon. Son père oblige ses proches à la rejeter. Elle déclare son deuxième enfant à son nom. Comme elle ne peut traîner les rues avec un bébé, elle est contrainte de demander pardon à son père pour qu’il l’accepte à nouveau à la maison.

Comme son bébé s’accroche à elle, elle ne peut rien faire à part de le prendre constamment dans ses bras. Si elle quitte la maison il y a trois semaines, c’est parce que son père continue à lui faire des reproches et à l’injurier. «Li’nn dir mwa mo enn nimport. Li zouré for-for ler li bwar. Li dir mwa : al rod to liberté. Li releve le passé. Li dir mwa : to frer inn viol toi ek to res lamem? Alé! Li pous mwa. Mo maman li res trankil parski li gagn per papa met li deor osi.»

Cela lui fend le coeur de quitter sa fille derrière et de partir rien qu’avec son fils mais elle doit s’y résoudre car elle n’a pas encore un lieu de vie permanent. Maintenant qu’elle a intégré le centre et qu’elle a été acceptée, sa seule crainte est que son frère essaie d’abuser de sa fille. D’où sa volonté de tout faire pour récupérer sa fillette. Lorsqu’elle voit des filles du centre pleurer, elle compatit mais n’a plus aucune larme à verser sur elle. «Mes yeux sont secs aujourd’hui. Avan mo’nn bien ploré. Aster non. Mo’nn telman pas par bann zafer difisil ki sitiasion zordi li pa difisil. Mo zis kraké ler mo pans mo tifi. Mo persiadé mo lavenir pou meyer isi parski mo pa pou ena personn pou fatig mo latet. Mo pou fer sant koz ar mo papa pou mo rékiper mo tifi. Enn fwa ki mo’nn rékiper mo tifi, mo pou koup kontak ar mo fami.»

Son projet immédiat est d’écrire sa biographie pour donner du courage aux mères célibataires comme elle. «Zot pé kité pou asim zot responsabilité. Zot bizin gard kouraz parski Bondié la. Ler enn laport fermé, enn lot pou ouver. Zis gard konfians an Bondié.» Aux parents à qui elle a envie de transmettre un message, elle leur demande de communiquer le plus possible avec leur(s) enfant(s) adolescents, quel que soit l’écart de génération. «J’espère qu’ils soutiendront leur enfant même dans les situations difficiles. Ler enn zanfan senti li abandoné, lerla li pou al komet tou erer…»

*Nom fictif


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