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Un temps, il s’est cru sauvé. C’était en avril 2020. Le covid commençait à déferler sur Sao Paulo et le maire de la ville, Bruno Covas, donnait une interview pour un portrait dans Le Monde. Atteint d’un cancer des intestins, ce dernier se montrait combatif. « Je ne me sens pas du tout fatigué, je suis au travail », assurait l’édile, optimiste avant, soudain, de laisser transparaître ses inquiétudes : « C’est un moment très difficile. On tâtonne dans l’obscurité… », finira-t-il par confier, sans qu’on sache vraiment s’il parlait de la pandémie ou de sa propre maladie.
Bruno Covas est mort, le 16 mai, à l’hôpital syro-libanais de Sao Paulo, succombant à ce grave cancer contre lequel il luttait depuis un an et demi. Il avait 41 ans.
Le maire a tenu en permanence informés ses concitoyens sur l’évolution de sa maladie. Les paulistanos ont suivi au jour le jour le combat « privé » de leur édile. « J’ai la foi que je vaincrai tous les obstacles ! », déclarait-il encore le 4 mai sur les réseaux sociaux, posant pour une photo sur son lit d’hôpital, tenant fermement par la main son fils Tomas, 15 ans. Amaigri, pâle, les yeux enfoncés dans les orbites, Bruno Covas se savait pourtant condamné.
Recueillement et union nationale
Sa mort a été l’occasion d’un rare moment de recueillement et d’union nationale. Après une cérémonie d’hommage à la mairie de Sao Paulo, un cortège funéraire a parcouru les rues du centre-ville : l’occasion d’un dernier adieu pour ses partisans émus. L’ensemble de la classe politique a salué un homme « intègre », « courageux », « sensible » et surtout « respectueux ». Une qualité rare dans ce Brésil enfiévré, gouverné depuis plus de deux ans à l’extrême droite par le président Jair Bolsonaro.
« Il est possible de faire de la politique sans haine », aimait à répéter Bruno Covas, privilégiant le dialogue sur l’esbroufe ou la polémique. Il le démontra en 2020 lors des élections municipales, remportés haut-la-main avec 59 % des voix, menant campagne contre la gauche sur des idées de fond et un ton civilisé. « Nous avions une relation franche et démocratique (…) Va en paix, Bruno ! », a salué dimanche le socialiste Guilherme Boulos, adversaire malheureux de Covas lors du scrutin.
Cette décence morale, Bruno Covas l’a reçue en héritage. Né le 7 avril 1980 à Santos, sur la côte paulista, Bruno est d’abord le petit-fils de Mario Covas (1930-2001). Géant de la vie politique locale, cet ingénieur de formation et opposant à la dictature militaire fut élu député, maire, sénateur de Sao Paulo puis gouverneur de l’Etat du même nom, la région la plus riche du pays. En 1988, il cofonde le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB). La formation, alors marquée au centre gauche, incarne la « troisième voie » brésilienne, dans le sillage des Clinton, Schroeder, Blair et Jospin. Elle gouverne de 1995 à 2003, sous les deux mandats présidentiels de Fernando Henrique Cardoso.
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