Brexit : une illusoire « libération »

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Editorial. Boris Johnson, nouveau premier ministre, affirme depuis son entrée en fonctions que la sortie de l’UE permettra au Royaume-Uni « de faire les choses [que son pays] n’avait pas le droit de faire depuis des décennies ». Pas si simple…

Publié aujourd’hui à 10h37, mis à jour à 10h38 Temps de Lecture 2 min.

Boris Johnson, sur une base navale, à Faslane, en Ecosse, le 29 juilllet 2019.
Boris Johnson, sur une base navale, à Faslane, en Ecosse, le 29 juilllet 2019. POOL/REUTERS

Editorial du « Monde ». Enfin libre ! Ou presque… A peine arrivé au 10 Downing Street, Boris Johnson tente de faire croire que la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) sera une bénédiction et que, débarrassé du carcan de Bruxelles, le pays va enfin pouvoir renouer avec son glorieux passé de nation conquérante et créative. Ces lendemains qui chantent font partie intégrante de la stratégie jusqu’au-boutiste choisie par le nouveau premier ministre britannique : le Brexit se fera « do or die » – coûte que coûte – même au prix d’une sortie brutale, sans accord sur les modalités. Qu’importe ! Puisque, la prospérité sera au bout de la route. Voire.

Quitter l’UE permettra « de faire les choses qu’on n’avait pas le droit de faire depuis des décennies, de créer des emplois, de libérer la créativité et l’innovation », assure Boris Johnson. Créer des emplois ? N’est-ce pas ce qu’a fait le Royaume-Uni ces dernières années, comme l’atteste un taux de chômage de moins de 4 % ?

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Le premier ministre veut ensuite mettre fin à la politique d’austérité menée par un gouvernement auquel il a appartenu. Etant donné que le Royaume-Uni n’est pas dans la zone euro, on ne voit pas très bien quelles contraintes extérieures ont empêché le pays de pratiquer la relance budgétaire qu’il prône aujourd’hui. Disposant de sa propre monnaie et de sa propre banque centrale, Londres a toujours eu toute latitude pour dévaluer sa devise ou creuser son déficit, sans demander la permission à Bruxelles.

Nouveaux accords de libre-échange

La liberté retrouvée devrait également permettre au Royaume-Uni de relancer le nucléaire. L’impossibilité d’avoir recours à cette source d’énergie aura sans doute échappé à EDF, qui exploite déjà dans le pays quinze réacteurs, tandis que deux sont en cours de construction. Le premier ministre veut également développer les OGM, oubliant que l’UE en autorise déjà une cinquantaine.

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Il est aussi question d’une baisse massive d’impôts, alors que, jusqu’à ce jour, l’UE n’a pas empêché le Luxembourg ou l’Irlande de pratiquer le dumping fiscal ou, pour le premier, de disposer d’une zone franche, comme le premier ministre britannique souhaite en créer au Royaume-Uni.

Là où Boris Johnson a raison, c’est qu’un Brexit dur lui permettrait de nouer de nouveaux accords de libre-échange. Donald Trump, le président américain, a affirmé que les deux pays travaillaient déjà sur un projet. Au regard de la façon dont ce dernier a tordu le bras au Canada et au Mexique dans le cadre d’un nouveau traité commercial, on souhaite bien du plaisir à Boris Johnson pour défendre les intérêts du Royaume-Uni.

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Dérégulation, relance budgétaire, baisse de la fiscalité : Johnson fait du Trump, mais sans la puissance du dollar ni la force de frappe de la première économie mondiale. Les marchés financiers l’ont bien compris. La chute de 4 % de la livre sterling depuis que l’éventualité de l’arrivée au pouvoir de Boris Johnson s’est matérialisée donne une idée de la prospérité à venir. Les touristes britanniques en vacances sur le continent connaissent déjà le prix de la liberté, tout comme les instituts de conjoncture, qui tablent sur l’entrée du pays en récession.

Au lieu de se focaliser sur ce que l’UE aurait empêché le Royaume-Uni de faire, le premier ministre devrait se préoccuper des conséquences d’un Brexit dur. La taxation de la moitié de ses importations, l’affaiblissement de l’écosystème financier britannique ou encore le risque du rétablissement d’une frontière entre les deux Irlandes. Etre libre, est-ce aussi avoir le droit de faire des erreurs ?

Le Monde

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