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Tribune. Après plusieurs mois de négociations infructueuses entre l’Europe et le Royaume-Uni, continuant de buter sur les aides d’Etat aux entreprises et l’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques, le premier ministre britannique, Boris Johnson, a proposé un projet de loi au Parlement qui viole les termes du protocole sur l’Irlande du Nord conclu il y a moins d’un an avec l’Union européenne. Sans vergogne, le secrétaire d’Etat pour l’Irlande du Nord du gouvernement Johnson a reconnu que la loi constituerait une entorse « limitée et spécifique » au droit international.
Comment le Royaume Uni, qui se targue d’avoir inventé l’Etat de droit, est-il parvenu à une telle extrémité ? Pourquoi prend-il le risque de torpiller la possibilité d’un accord avec l’Europe, alors que le pays est confronté à une crise sanitaire et économique majeure et qu’il a énormément à perdre d’un échec des négociations, puisque près de la moitié des échanges britanniques se font avec l’Union européenne ?
Pour comprendre ce comportement incontrôlé, il faut revenir à la nature même du projet de Brexit et à la transformation profonde du Parti conservateur qui le porte. Le Brexit et le choix d’un « Global Britain » (« Grande-Bretagne mondiale ») pour remplacer l’ancrage européen sont moins des décisions économiques rationnelles qu’un projet de politique intérieure populiste au sens premier du terme, c’est-à-dire la construction d’un récit où le peuple se soulève contre des élites corrompues et favorables à l’Union européenne.
Les piliers de l’establishment attaqués
Boris Johnson a repris ce discours, qui avait plutôt été, sur sa droite, l’apanage du UKIP de Nigel Farage lors de la campagne du référendum en 2016. Le premier ministre s’en est habilement servi pour se faire élire à la tête du Parti conservateur, puis pour remporter les élections législatives de décembre 2019 avec une confortable majorité.
Depuis 2016, Johnson et ses proches au sein du Parti conservateur ne cessent d’attaquer tous les piliers de l’establishment qui, selon eux, veulent s’opposer à la « volonté du peuple » exprimée lors du référendum de juin 2016, par lequel près de 52 % des électeurs ont choisi de sortir de l’Union européenne. Tour à tour, les experts, les juges de la Cour suprême, la BBC, les députés opposés au Brexit (y compris conservateurs), les hauts fonctionnaires et, naturellement, les négociateurs européens sont accusés d’empêcher le Royaume-Uni de recouvrer une souveraineté nationale qui aurait été anéantie par Bruxelles.
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