« Boris Johnson est un raciste qui aspire au retour impossible à un passé imaginaire »

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« La haine des identités particulières » est exacerbée par « le langage du dénigrement et de la division » dont use notamment le premier ministre du Royaume-Uni, observe le professeur de droit et essayiste britannique Philippe Sands, dans une tribune au « Monde ».

Publié le 18 septembre 2019 à 00h50 Temps de Lecture 11 min.

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Il y a quelques années, je faisais du lobbying dans le salon des délégués, aux Nations unies (ONU), pour l’adoption d’une résolution qui devait débarrasser Maurice et l’Afrique d’un dernier vestige du colonialisme britannique : l’archipel des Chagos.

Notre principal adversaire, le secrétaire britannique aux affaires étrangères, se révéla malgré lui être le meilleur avocat du continent. Beaucoup de diplomates gardaient en mémoire l’article qu’il avait rédigé quelques années plus tôt [en 2002, lorsqu’il était simple membre du Parlement] traitant les résidents d’un pays africain de « négrillons » [picaninnies] au « sourire de pastèque » [watermelon smile]. Les mots importent et ne s’oublient pas, surtout lorsqu’ils charrient des insultes racistes.

Ce secrétaire aux affaires étrangères est devenu, en juin, le premier ministre britannique. Il est lié, par une admiration mutuelle, à son homologue américain, le président des Etats-Unis, qui exprime lui aussi, ouvertement, ses sentiments racistes.

Une telle situation paraissait, il y a encore peu de temps, inconcevable : les prédécesseurs de ces deux leaders s’étaient engagés, dans la Charte de l’ONU de 1945, à « respecter les droits humains et les libertés fondamentales sans distinction de race, sexe, langue ou religion ». Mais, pour certains, l’inimaginable est devenu la nouvelle normalité.

Sentiments hostiles aux étrangers

Cette évolution date de 2016, du référendum sur le Brexit et de l’élection présidentielle américaine : un nouvel espace s’est ouvert, nourri par les sentiments d’aliénation et de privation, et par les inégalités de plus en plus criantes.

La ridiculisation et la haine des identités particulières sont entrées dans la politique de tous les jours. Cibler des groupes d’hommes et de femmes en raison de leur ethnie, de leur nationalité ou de leur religion est devenu acceptable. En quelques mois, les vieux sentiments hostiles aux étrangers et aux migrants – en particulier musulmans – se sont déchaînés. Un torrent d’antisémitisme a pénétré le principal parti d’opposition britannique, apparemment toléré par ses dirigeants qui refusent de réagir par des mesures effectives.

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En Italie et en France, les chants racistes ont fait leur retour dans les stades. Tout se passe comme si au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et dans bien d’autres pays, ce qui n’était pas toléré hier peut aujourd’hui s’exprimer ouvertement. Le lien entre la cause et l’effet n’est pas évident, mais les mots, les actions et les omissions des dirigeants politiques jouent leur funeste rôle de légitimation.

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