Beyrouth : destructions, reconstructions et spéculations

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Le 4 août 2020, 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium, stockées depuis fin 2013 dans un entrepôt, explosent dans le port de Beyrouth. Lors de cette double explosion dévastatrice, plus de 190 personnes ont été tuées et plus de 6 000 blessées. Les quartiers mitoyens subissent d’importants dommages.

La reconstruction dans les années 1990-2010 : l’Etat absent

Depuis sa création dans ses frontières actuelles, en 1920, l’Etat du Liban a connu plusieurs conflits dévastateurs. A l’issue de la guerre civile (1975-1990), le centre-ville de Beyrouth, autour de la place des Martyrs, avait ainsi été dévasté. Ce quartier est rénové par Solidere, une société privée créée, en 1994, par Rafic Hariri, alors premier ministre. Ce projet s’inscrit dans une logique d’expropriations et de démolitions-reconstructions à outrance : 80 % du bâti sont détruits, alors que les dégâts irréversibles causés par la guerre sont de l’ordre de 40 %. L’objectif est d’y attirer les capitaux et les classes aisées. Celui-ci est partiellement atteint, au détriment des habitants d’origine et de la fonction de brassage social que revêtait ce quartier.

Après la guerre de l’été 2006, qui opposa l’armée israélienne aux combattants du Hezbollah, le quartier Haret Hreik, fief de ce dernier situé au sud de la capitale, est réduit en ruines après d’intenses bombardements aériens. Plus de 230 immeubles sont détruits, et 1 200 endommagés. Via l’organisme Waad (« promesse »), le parti-milice chiite décide de reconstruire à l’identique, favorisant ainsi le retour rapide des habitants. Si le tissu social a pu être préservé, aucune amélioration urbaine n’a été apportée à ce quartier dense, pauvre et dénué d’espaces verts.

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Demain : les enjeux de la reconstruction

L’enjeu social

Une partie des quartiers les plus touchés par la déflagration du port, comme celui de la Quarantaine, abrite une population précaire, et de réfugiés, logée sans bail et travaillant sans contrat. La crise humanitaire et l’absence de réponse de l’Etat risquent d’aggraver sa vulnérabilité. En raison de la crise économique, les petits propriétaires n’ont pas les moyens de financer les réparations.

L’enjeu patrimonial et le risque de spéculation

Le défi de la reconstruction à venir sera de respecter à la fois le patrimoine (640 bâtiments historiques endommagés, surtout concentrés à Gemmayzé et Mar Mikhael) et la mixité sociale. La gentrification, à l’œuvre depuis les années 1990, pourrait s’accélérer dans les quartiers mixtes, historiques et touristiques. Les petits immeubles détruits risquent d’attirer la convoitise de promoteurs immobiliers dont l’intérêt est d’ériger des tours, dans le style de Dubaï, plus rentables que les petits immeubles. Ce choix favoriserait la spéculation immobilière et l’arrivée de populations plus riches.

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