« Benyamin Nétanyahou s’imagine entre Alfred Dreyfus et Louis XIV »

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Benyamin Nétanyahou à Jérusalem, le 1er décembre 2019.
Benyamin Nétanyahou à Jérusalem, le 1er décembre 2019. POOL New / REUTERS

Tribune. La nouvelle tombait le 21 novembre à 20 heures : Avichaï Mandelblit, procureur général de l’Etat d’Israël, annonçait la mise en examen du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, sous une triple inculpation pour fraude, corruption, et abus de confiance. A peine une heure plus tard, M. Nétanyahou apparaissait en direct sur toutes les chaînes d’information. Sur fond de drapeaux nationaux alignés dramatiquement derrière lui, il prononçait un discours d’une voix offensée et blessée.

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Pour tous ceux qui ont essayé de le comprendre, son propos est troublant. Dans la première partie de son discours, M. Nétanyahou se prend pour Alfred Dreyfus : une victime idéologique faible et discriminée, poursuivie pour ses convictions par la police et la justice toutes-puissantes. Dans la seconde partie, il se présente plutôt comme Louis XIV : un souverain puissant, omnipotent, qui considère toute tentative de séparer son propre destin de celui du pays comme une conspiration diabolique des ennemis du peuple juif, qui souhaitent la destruction de l’Etat d’Israël.

L’effet rhétorique de ce cocktail paradoxal est préoccupant : car si M. Netanyahou est vraiment ce personnage sublime qui – selon les dires de son fils Yaïr, lors d’un événement privé à New York – aurait pris en main une nation faible et marginale vivant du commerce d’oranges pour en faire une puissance technologique riche, moderne et admirée dans le monde, alors comment un dirigeant aussi fort peut-il être aussi démuni devant la traîtrise de fonctionnaires nommés par lui ? Comment un souverain aussi talentueux, exerçant les fonctions de premier ministre par intermittence depuis bientôt vingt-cinq ans, et sans interruption depuis dix ans, a-t-il réussi à fonder et à consolider, au cours d’un règne aussi long, un système policier et juridique traître et gauchiste, qui ose accabler de vaines calomnies son dirigeant tout-puissant ?

L’image de Néron

Le discours contradictoire de M. Nétanyahou met à nu la double nature mégalomane et persécutée du personnage. A la fois capable de discourir durant des heures sur Israël, seul pays démocratique et égalitaire au Proche-Orient, et, dans le même temps, de prétendre sans ciller qu’un gouvernement auquel participeraient des partis arabes israéliens serait « un attentat national historique » et de mettre en garde, le jour même des élections, contre « les Arabes qui affluent aux urnes par cars entiers ».

Et plus la situation juridique de M. Nétanyahou se détériore, plus sa personnalité bipolaire, prise entre le souverain éclairé tout-puissant et le juif persécuté de la diaspora, est exacerbée et l’entraîne vers des régions d’une absurdité inédite. C’est ainsi qu’un premier ministre en exercice peut qualifier de « tentative de coup d’Etat » sa mise en examen pour malhonnêteté, car si M. Nétanyahou est l’Etat, toute accusation à son encontre relève d’une calomnie à l’Etat ; et toute tentative de le mettre derrière les barreaux n’est rien de moins qu’une action malveillante visant l’Etat d’Israël. Privé de la direction de ce génie, le pays perdrait du jour au lendemain toutes ses capacités technologiques et redeviendrait une nation affaiblie qui se gave d’oranges.

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