Ben Affleck, au cœur des ténèbres belges

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L’acteur-réalisateur (ci-dessus, en 2019) s’est fondé sur l’ouvrage « Les Fantômes du roi Léopold », de l’historien Adam Hochschild, paru en 1998.
L’acteur-réalisateur (ci-dessus, en 2019) s’est fondé sur l’ouvrage « Les Fantômes du roi Léopold », de l’historien Adam Hochschild, paru en 1998. Capital Pictures /Starface

Il aura donc fallu qu’un Américain s’en occupe : pour creuser, et solder, ­l’encombrante question du passé colonial belge en Afrique, on pensait que, des frères Luc et Jean-Pierre Dardenne à la jeune génération de réalisateurs flamands ou francophones, il se trouverait un courageux pour, un jour, se mettre à la tâche. Surprise : c’est une star d’Hollywood, Ben Affleck, qui compte s’emparer du sujet pour produire King Leopold’s Ghost (« les fantômes du roi Léopold »). Un film qui entraînera sans doute de fameux débats dans le royaume que Léopold Louis-Philippe Marie Victor de ­Saxe-Cobourg-Gotha, dit Léopold II, dirigea d’une main de fer de 1865 à 1909.

En quête de pouvoir, de grandeur et de prestige pour ce pays trop petit à son goût, le deuxième roi des Belges voulait faire de Bruxelles une ville à l’égal de Paris et, surtout, offrir à la population un empire colonial. À la conférence de Berlin qui, de novembre 1884 à février 1885, organisa le partage de l’Afrique entre les Européens, il reçut une bonne partie de l’immense Congo, dont une large fraction (80 fois plus grande que le territoire belge !) devint sa propriété privée.

Progressivement, l’exploitation de ces terres immenses allait engendrer des gains colossaux, grâce notamment au caoutchouc, extrait dans la jungle par une population terrorisée, soumise aux travaux forcés et à la violence. Des historiens estiment à 10 millions le « déficit démographique » causé par la brutalité des colons, la famine, les maladies et le refus des Congolais de faire encore des enfants.

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Si cette page de l’histoire officielle a été très largement occultée, voire tue dans les programmes scolaires, et est, aujourd’hui encore, méconnue de la plupart des Belges, un livre l’a cruellement éclairée en 1998. L’écrivain et historien américain Adam Hochschild évoquait, en 1998, dans le sous-titre de son livre Les Fantômes du roi Léopold, un « holocauste oublié » pour qualifier l’exploitation du Congo par des Belges cupides. Réédité en 2007, le volume était cette fois sous-titré « La terreur coloniale dans l’État du Congo, 1884-1908 ».

Dénoncé, contesté, jugé approximatif, voire fallacieux, l’ouvrage a été rapidement réduit à un pamphlet anti-Belges. Les accusateurs d’Hochschild oubliant au passage qu’un grand écrivain (peu contesté celui-là), Joseph Conrad, avait déjà dénoncé, dès 1899, les atrocités commises au Congo dans sa nouvelle Au cœur des ténèbres, où il relatait le voyage terrifiant d’un jeune officier britannique embauché par une compagnie belge collectant l’ivoire. Arthur Conan Doyle – le « père » de Sherlock Holmes –, alerté, lui, par des diplomates, avait également décrit le rôle de Léopold II comme « le pire crime commis au cours de l’histoire universelle ». D’où le fait, sans doute, que le roi décida un jour de brûler toutes ses archives relatives au Congo…

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