Belmadi, les dix mois qui ont tout changé – JeuneAfrique.com

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Nommé en août 2018, Djamel Belmadi a réussi à remporter la CAN 2019, le 19 juillet dernier, alors que l’Algérie n’était pas considérée comme un favori. Le fruit d’un gros chantier engagé dès son arrivée sur le banc des Verts.


L’Algérie en avait assez de voir les sélectionneurs se succéder, depuis le départ de Vahid Halilhodzic en juillet 2014, juste après un huitième de finale historique contre l’Allemagne (1-2) lors de la Coupe du Monde au Brésil. Après Christian Gourcuff, l’intérimaire Nabil Neghiz, Milovan Rajevac, Georges Leekens, Lucas Alcaraz et Rabah Madjer, les supporteurs des Fennecs avaient vu arriver Djamel Belmadi avec une forme de soulagement. Bien sûr, le nom était moins ronflant que ceux qui circulaient– le Portugais Carlos Quieroz, le Néerlandais Bert van Marwijk – et l’ancien milieu de terrain de Marseille n’était pas forcément le premier choix de Kheireddine Zetchi, le président de la Fédération algérienne de football (FAF), presque d’accord pour recruter Quieroz.

Alors âgé de 42 ans, l’ancien international (20 sélections) était en poste au Qatar, à Al-Duhail, avec qui il venait de remporter un quatrième titre de champion. Son profil, malgré quelques réticences parcellaires, emporte assez largement l’adhésion de la presse et du public. « Il y a des gens qui estimaient qu’il manquait d’expérience du haut niveau en tant que coach et que son passage sur le banc de la sélection du Qatar s’était soldé par une Coupe d’Asie 2015 ratée », explique Yazid Ouahib, journaliste à El Watan. Belmadi avait pourtant gagné la Coupe du Golfe et le Championnat d’Asie de l’Ouest un an plus tôt.

Belmadi ne tolère aucun passe-droit

Lors des discussions avec Zetchi, le technicien ne réclame pas un salaire extravagant (environ 55 000 € par mois, largement moins qu’au Qatar), mais exige de constituer un staff avec des gens qu’il connaît bien, dont Serge Romano, son adjoint, Aziz Bouras, l’entraîneur des gardiens, Alexandre Delal, le préparateur physique, ou Zohir Bensedira, l’analyste vidéo.

Pour le premier match de son nouveau coach, dans le contexte difficile de Banjul, l’Algérie obtient le point du match nul en Gambie (1-1) début septembre, un résultat confirmé un mois plus tard contre le Bénin à Blida (2-0) et qui la rapproche de la phase finale de la CAN. Mais l’ambitieux Belmadi commence, aussi, à faire des choix sportifs forts, dictés par les seules performances sportives.

Il y a une forme d’équité dans ses décisions, et c’est pour ça que les joueurs le suivent

« Pour lui, les statuts, cela ne compte pas vraiment. Ce qui l’intéresse, ce sont les faits, ce qui se passe sur le terrain. Un joueur, même expérimenté, qui n’a pas de temps de jeu suffisant, n’aura pas de passe-droit », explique un proche de la sélection. La défaite à Cotonou (0-1), le 15 octobre, vaut à Belmadi quelques critiques, mais les prémices d’un redressement d’une sélection aux résultats trop longtemps erratiques sont là, et la spectaculaire victoire au Togo (4-1), avec un doublé de Mahrez, scelle la qualification pour la phase finale.

Le jeune sélectionneur, qui construit un groupe capable, selon lui, « de réaliser le meilleur parcours possible lors de la CAN » fait de nouveau confiance à M’Bolhi et Feghouli, et n’hésite pas à se passer de Hanni, Slimani ou d’El Arabi, cantonnés au banc de touche respectivement au Spartak Moscou, au Fenerbahce Istanbul et Nottingham Forest. « Il a fait adhérer les joueurs à un discours, à un projet, à une méthode de travail. Il ne triche pas. Ses choix sont logiques. Par exemple, Brahimi, quand il était en état de jouer lors de la CAN après s’être remis de sa blessure, n’est pas revenu au détriment de Belaïli, qui donnait satisfaction. Il y a une forme d’équité dans ses décisions, et c’est pour ça que les joueurs le suivent », intervient l’ancien international Ali Fergani.

Djamel Belmadi contrôle le ballon pendant une phase d’entraînement avec la sélection algérienne, pendant la CAN 2019 en Égypte. © Ariel Schalit/AP/SIPA

Ainsi, Bentaleb et Taïder, à qui Belmadi avait redonné leur chance, n’avaient pas été retenus pour la CAN, à l’inverse de Slimani, malgré une saison presque blanche en Turquie. Plutôt que d’emmener en Égypte Zakaria Naidji (Paradou), meilleur buteur du championnat algérien, comme beaucoup s’y attendaient, le sélectionneur décide finalement de convoquer Slimani, capable, grâce à son expérience internationale, d’être un plus pour l’équipe. Sur le terrain, lors du huis-clos des entraînements, les Fennecs travaillent beaucoup tactiquement, ce qu’ils n’avaient pas fait avec autant d’intensité, selon Mahrez, « depuis Gourcuff. »

Très exigeant, Belmadi demande à ses joueurs de conserver leurs penchants naturels pour le football offensif, mais en insistant sur la nécessité de bien défendre. « Regardez ce qu’on fait Feghouli, Bounedjah, etc… Ils ont été irréprochables, tous les joueurs se battaient et même si qui ne jouaient pas beaucoup, quand ils rentraient, étaient tout de suite dans cet état d’esprit. Il a fait évoluer les mentalités », poursuit Fergani.

Plusieurs crises à gérer avant la CAN

Avant d’arriver en Égypte, pourtant, la sélection est secouée par quelques petites crises en interne, toujours susceptibles de polluer la préparation. Ainsi, le préparateur physique, Alexandre Delal, décidait de claquer la porte suite à un désaccord de fond avec un des médecins de la sélection, sur la gestion du cas Ounas. « Même Belmadi n’a pas réussi à le faire revenir sur sa décision », reprend Ouahib. Un peu plus tôt, lors du stage au Qatar, le coach avait exclu Belkebla, lequel avait montré ses fesses sur un réseau social pendant une partie de Fornite avec un coéquipier.

Djamel Belmadi donne ses instructions lors du match Algérie-Kenya, le 30 juin 2019. © Hassan Ammar/AP/SIPA

Au tout début du rassemblement au centre technique de Sidi Moussa, la presse algérienne, bien renseignée, avait évoqué la venue de deux jeunes filles à une heure tardive, afin d’honorer un rendez-vous nocturne avec Atal ou Bensebaini. Informé, Belmadi aurait même menacé de démissionner, avant de se remettre au travail alors que la FAF tentait d’étouffer l’affaire. « Il est très pointilleux sur la discipline, même si la sélection n’est pas une caserne. Mais il veut que tout le monde respecte les règles. Comme quand Mahrez n’était pas à l’heure dans le bus qui emmenait l’équipe à l’entraînement. Belmadi a demandé au chauffeur de démarrer », s’amuse une source. Et le milieu de terrain, tout capitaine qu’il est, a rejoint le reste du groupe en taxi, et à ses frais…

Un technicien (déjà) convoité

Avant la finale Algérie-Sénégal, Sébastien Migné, le sélectionneur du Kenya, dont l’équipe avait affronté les deux formations au premier tour, s’était arrêté quelques instants sur la relation que Belmadi, de l’extérieur, semblait entretenir avec ses joueurs sur le terrain pendant la compétition. « Il bouge beaucoup, parle sans arrêt pour donner des consignes. On sent qu’il est dans l’émotion. Ses joueurs aussi. Je me demande si cela ne peut pas à un moment se retourner contre eux, car ils sont vraiment à bloc. En tout cas, on devine vraiment un groupe qui adhère complètement au projet de son entraîneur. »

La conquête du titre le plus couru d’Afrique fait forcément de Belmadi un technicien à la mode, que l’on sait (déjà) convoité. Des clubs du Golfe Persique, prêts à lui offrir un salaire princier, n’ont jamais cessé de le suivre, et la rumeur fait état d’un possible intérêt du Maroc, à la recherche du successeur du français Hervé Renard. « Je doute qu’il s’en aille si vite, même si, dans le football, tout peut arriver. Ce n’est pas un coach à la petite semaine. Il fait partie de ceux qui s’inscrivent dans la durée, à condition que le projet soit solide. Il y a la CAN 2021, mais aussi la Coupe du monde au Qatar en 2022, où il est chez lui », rappelle Yazid Ouahib. A priori, l’Algérie n’a donc pas de raisons de craindre un départ prématuré…



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JeuneAfrique

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