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La magistrate symbole de la lutte anticorruption en Roumanie a la préférence du Parlement, tandis que le procureur général Jean-François Bohnert a le soutien des dirigeants européens
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C’est un tout nouveau poste, qui suscite une bataille inédite entre la France et une candidate roumaine qui n’est pas soutenue par son pays. Jean-François Bohnert, 58 ans, actuellement procureur général à Reims, et Laura Codruta Kövesi, 45 ans, ancienne dirigeante du parquet anticorruption en Roumanie, sont en concurrence pour devenir chef du parquet européen, qui doit entrer en fonctions d’ici à fin 2020.
Le Français a obtenu un large soutien du Conseil de l’Union européenne, l’organe qui regroupe les Etats membres, tandis que la Roumaine a eu celui des eurodéputés, à la suite d’un vote de la commission des libertés publiques, de la justice et des affaires intérieures, mercredi 27 février. Les deux institutions doivent se réunir courant mars pour tenter de choisir l’un ou l’autre candidat.
Le ou la vainqueur sera chargé de superviser les enquêtes sur les fraudes aux fonds européens ou à la TVA dans les vingt-deux pays membres de l’UE qui ont choisi de faire partie de cette petite révolution. Pour la première fois de l’histoire, un fonctionnaire européen aura un véritable pouvoir d’enquête à l’échelle du continent. Sur le papier, il pourra notamment forcer les parquets nationaux à enquêter, y compris sur les sujets impliquant des responsables politiques locaux. Jusqu’ici, les services antifraude européens devaient se contenter d’enquêtes administratives avant de transmettre les dossiers aux justices nationales, qui les reprenaient avec plus ou moins de bonne volonté.
Les deux candidats ont des profils assez opposés. Laura Codruta Kövesi est une véritable star dans son pays pour avoir fait condamner des dizaines de responsables politiques de tout niveau pour corruption. « Son bilan parle pour elle, et la choisir assurerait que ce nouveau poste soit occupé par une personne disposant d’une expérience, d’une expertise et d’une résilience remarquables », souligne l’ex-juge et eurodéputée Verte Eva Joly.
Affaire personnelle
Mais elle fait face à une opposition farouche de son gouvernement, qui a entamé une offensive contre les magistrats. Liviu Dragnea, le chef des sociaux-démocrates qui contrôle l’exécutif roumain, en a fait une affaire personnelle depuis que les enquêtes de la procureure lui ont valu deux condamnations pénales pour fraude électorale et abus de pouvoir. Il a usé de tout son pouvoir pour obtenir son limogeage de la direction du parquet national anticorruption en juillet 2018.
Selon nos informations, le collège de la Commission a même discuté de l’éventuel lancement d’une procédure d’infraction contre Bucarest, mercredi, pour ses atteintes répétées à l’Etat de droit. Mme Kövesi a clairement bénéficié de ce contexte au Parlement européen où elle est arrivée sous l’acclamation de plusieurs supporteurs roumains. Lors de son audition devant les eurodéputés, elle a défendu son bilan, vantant les « deux milliards d’euros de biens saisis ». « J’ai l’habitude de travailler sous la pression », a-t-elle assuré, alors que le poste de procureur européen promet d’être politiquement sensible.
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