Avec « Un crime parfait », l’Allemagne replonge dans les blessures de la réunification

0
58

[ad_1]

Detlev Rohwedder lors d’une conférence de presse à Berlin-Est, le 27 mars 1991. Cette photo a été prise cinq jours avant son assassinat.

LETTRE DE BERLIN

Il était l’un des hommes les plus puissants de la nouvelle Allemagne réunifiée. L’un des plus haïs, aussi. Chef de la Treuhand, l’organisme chargé de privatiser l’économie de la défunte République démocratique allemande (RDA), Detlev Rohwedder passait une soirée tranquille dans sa villa cossue de Düsseldorf lorsque, le 1er avril 1991, trois balles tirées depuis l’extérieur traversèrent la fenêtre de son bureau. Il avait 58 ans.

Alors que l’Allemagne s’apprête à célébrer le 30e anniversaire de sa réunification, cet assassinat, qui plongea le pays dans l’effroi, fait l’objet d’une captivante série documentaire sur Netflix, disponible en français sous le titre : Un crime parfait. L’assassinat de Detlev Rohwedder. Outre-Rhin, tous les grands journaux lui ont consacré des articles inhabituellement fouillés pour ce type de programme. Et cela ne tient pas seulement au fait qu’il s’agit du premier documentaire commandé par le groupe américain à une société de production allemande.

Comme le résume l’ancien ministre des finances Theo Waigel (1989-1998), l’un des témoins de premier plan interrogés dans le film, Detlev Rohwedder fut « un martyr de la réunification ». Ancien secrétaire d’Etat à l’économie sous Willy Brandt puis Helmut Schmidt, ce membre du Parti social-démocrate (SPD) s’était fait connaître à la tête du groupe Hoesch, dont il avait pris la direction en 1980, en pleine crise de la sidérurgie, avant de mener à bien sa restructuration pendant dix ans.

Nommé directeur de la Treuhand à l’été 1990, trois mois avant la réunification des deux Allemagnes, il devint bientôt l’incarnation de la conversion brutale du socialisme au capitalisme, à la tête de cette agence gouvernementale chargée de privatiser près de 10 000 entreprises est-allemandes – gros conglomérats industriels comme simples petits commerces – pour les remettre en circulation dans le nouveau système d’économie de marché. Une mission titanesque au coût social énorme : dans les semaines qui précédèrent l’assassinat de Rohwedder, le siège de la Treuhand, sur l’Alexanderplatz, au cœur de l’ancien Berlin-Est, devint l’épicentre de manifestations de plus en plus nombreuses, à l’image du taux de chômage qui commençait à monter en flèche dans l’est du pays.

Espoirs et désillusions

Près de trente ans plus tard, on ignore encore qui a tué l’ancien patron de la Treuhand. Est-ce la Fraction armée rouge (RAF), groupe terroriste d’ultra-gauche créé en Allemagne de l’Ouest en 1970, comme semblait l’indiquer une lettre de revendication retrouvée devant sa villa le soir même de sa mort ? C’est l’hypothèse la plus étayée. Est-ce un groupe d’anciens cadres de la Stasi, la police politique de l’ex-RDA ?

Il vous reste 62.02% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: