[ad_1]
LETTRE DE TOKYO
La Corée du Sud est à bien des égards exemplaire dans son action pour avoir contenu l’épidémie de coronavirus. Mais elle s’est aussi découverte à cette occasion atteinte d’un autre mal : la nébuleuse des sectes religieuses dont le fonctionnement opaque, le prosélytisme agressif et le poids politique pèsent sur le fonctionnement de sa démocratie.
Un des foyers de l’épidémie, qui a fait de la Corée du Sud le pays plus touché en Asie après la Chine, a été la secte évangélique Shincheonji (« nouveau monde ») de Jésus, réticente à collaborer avec les autorités sanitaires pour « se protéger des persécutions ». Son chef, Lee Man-hee (89 ans) a reconnu des « erreurs » mais a nié avoir dissuadé les fidèles de suivre les consignes sanitaires. Sans le vouloir, ceux-ci ont diffusé le virus : près de la moitié des 10 000 cas confirmés de contaminés l’ont été par des membres de la secte.
L’affaire a provoqué une levée de boucliers dans l’opinion, et le gouvernement vient d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre de communautés protestantes ne respectant pas les directives de distanciation sociale.
La Corée du Sud n’est pas le seul pays où les sectes religieuses ont proliféré. Dans son cas, on compte plus d’une centaine de « messies » autoproclamés à la tête de mouvements dont certains mobilisent des dizaines, voire des centaines de milliers de fidèles. Shincheongji, l’une des plus prosélytes, en revendique ainsi 245 000 et la secte Moon (Eglise de l’unification) 2 millions.
Forte dévotion
La presse locale se fait régulièrement l’écho de scandales auxquels sont mêlées des sectes : en 2018, Lee Jaerock, gourou de l’Eglise de Manmin (12 000 membres), a été condamné pour viol ; un an plus tard, Shin Ok-ju, prophétesse de la secte de la Voie de la grâce, l’était également pour détention et torture de 400 fidèles.
Le plus haut niveau de l’Etat n’est pas épargné : Choi Soon-sil, confidente de l’ancienne présidente Park Geun-hye (toutes deux arrêtées en 2018 et condamnées à de lourdes peines de prison pour détournement de fonds publics), était la fille de l’un de ces « prophètes » qui eut, dit-on, un grand ascendant sur la future chef de l’Etat lorsqu’elle était jeune.
La question des sectes se pose en Corée du Sud en des termes à la fois religieux, sociaux et politiques. Une louable tolérance en matière religieuse conjuguée à une forte dévotion (près de la moitié de la population se dit croyante) a contribué à leur prolifération. Aux protestantisme (20 %), bouddhisme (15 %) et catholicisme (10 %) s’ajoutent de petites religions autochtones et des croyances venues de la nuit des temps comme le chamanisme, encore très populaire.
[ad_2]
Source link
Have something to say? Leave a comment: