Aux-Etats-Unis, le déboulonnage de statues se poursuit en ordre dispersé

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Une statue déboulonnée de Jefferson Davis, président des Etats confédérés pendant la guerre de Sécession, le 10 juin à Richmond, en Virginie.

Le pauvre Ulysses Grant a eu le tort de se trouver sur le chemin. L’intention première des jeunes déboulonneurs de statues qui ont fait irruption vendredi 19 juin dans le Golden Gate Park de San Francisco était de faire tomber le franciscain Junipero Serra (1713-1784), le brutal évangélisateur des populations indigènes de Californie. Il n’a pas fallu longtemps. Le missionnaire s’est écroulé facilement, sous les vivats.

A 50 mètres, les manifestants ont aperçu le monument à la gloire de Francis Scott Key (1779-1843), l’auteur des émouvantes paroles de l’hymne des Etats-Unis, « land of the free » (« patrie des hommes libres ») ; un avocat qui, non seulement possédait des esclaves, mais poursuivait les abolitionnistes en justice. La statue a été abattue dans la foulée.

Le monument d’Ulysses Grant (1822-1885), le 18e président des Etats-Unis, occupait le bosquet voisin. Il a été renversé dans le même élan dégagiste. Comme il leur restait un peu de peinture, les vandales ont aspergé de rouge le buste de Cervantès, probablement pris pour un conquistador. La police a préféré ne pas s’en mêler.

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Vingt-quatre heures plus tard, la peinture était déjà effacée. Dimanche, les promeneurs venaient voir sous les eucalyptus du célèbre parc ce qui restait de ces statues auxquelles ils n’avaient jamais prêté attention. Perplexes comme cette joggeuse, bandana sur le visage, devant certaines des cibles. « Junipero Serra, d’accord… Mais pourquoi Ulysses Grant » ?

Déboulonner, oui, mais jusqu’où ?

Bonne question. Républicain (comme Lincoln), Grant a été le commandant en chef des forces nordistes pendant la guerre de Sécession, autant dire que c’est lui qui a défait les esclavagistes du Sud. « Lincoln a fait de l’esclave un homme libre. Ulysses Grant en a fait un citoyen », écrivit Frederick Douglass, l’ancien esclave devenu le héros de la lutte pour l’émancipation.

Mais Ulysses Grant, élu à la Maison Blanche en 1868, a eu le tort d’avoir un esclave – dont il avait hérité, soulignent ses partisans, et qu’il a affranchi. Surtout, il a fomenté en sous-main une guerre qui a abouti à l’occupation par les colons américains des Black Hills, les collines noires sacrées des Sioux Lakota…

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Revisiter l’histoire est une affaire compliquée. Déboulonner, oui, mais jusqu’où ? Un mois après la mort de George Floyd et le début du mouvement de réévaluation des relations raciales aux Etats-unis, le grand nettoyage du passé continue, en ordre dispersé. A Raleigh, en Caroline du Nord, le gouverneur a fait retirer dimanche une statue posée au sommet d’un obélisque confédéré de 232 m de haut. Alors qu’une loi de 2015 l’empêche de toucher aux symboles du passé, sauf avec l’approbation d’une commission d’historiens locaux, il a invoqué la sécurité publique, considérant le risque que posent les manifestants qui continuent à faire justice eux-mêmes.

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