« Aussi divers soient les Européens de l’Est, ils se rejoignent sur un message : l’Europe, ils y tiennent »

0
145

[ad_1]

Malgré leurs révoltes contre Bruxelles, les pays postcommunistes membres de l’UE chérissent l’Europe et relativisent ses drames. Il faut les écouter, préconise dans sa chronique Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 01h48 Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Manifestation à Varsovie, le 21 juin 2017.
Manifestation à Varsovie, le 21 juin 2017. Kacper Pempel / REUTERS

Il faut écouter nos amis européens de l’Est. Il faut les écouter parce que, s’ils sont aussi Européens que nous, leur expérience de l’Europe est différente. Ils n’ont rejoint l’Union européenne (UE) qu’au début de ce siècle, après avoir passé la majeure partie du XXe siècle asservis. Leur histoire n’est pas la même. Et forcément, leur perception non plus.

Au sein de cette UE qu’ils ont tardivement intégrée, leurs rébellions nous ont surpris. Jamais contents ! Ce sont un peu les « gilets jaunes » de l’Europe, finalement. Quoi ? Bruxelles leur verse des milliards en fonds structurels, et ils se révoltent ?

Pas de salut hors de l’UE

Certaines de leurs voix portent plus que d’autres : ces temps-ci, Viktor Orban, premier ministre de Hongrie, un pays de moins de dix millions d’habitants, paraît parler pour toute l’Europe centrale postcommuniste. Ce n’est pas le cas. L’Europe centrale de 2019 est comme l’Europe occidentale : diverse, contradictoire, tiraillée entre courants nationalistes, populistes, et démocrates, partisans d’un monde ouvert.

Lorsque Viktor Orban compare le « diktat » de Bruxelles à celui de Moscou à l’époque du pacte de Varsovie, il est dans la posture : il n’y croit pas une seconde

Mais aussi divers soient-ils, ils se rejoignent sur un message : l’Europe, ils y tiennent. Parce qu’ils ont traversé un enfer avant de nous rejoindre, ils dramatisent moins.

Prenez l’ex-président polonais Bronislaw Komorowski, un homme de centre-droit chassé du pouvoir en 2015 par le parti nationaliste Droit et Justice (PiS) : il pourrait s’alarmer d’une dérive suicidaire dont il a fait les frais. La semaine dernière à Berlin, devant un forum de la fondation Körber sur l’histoire contemporaine, il préférait remettre les choses en perspective : « Je crois fermement, a-t-il dit, que, dans quelques années, on considèrera la période actuelle comme un phénomène historique passager, que l’on appellera la crise de la deuxième moitié de la deuxième décennie du XXIesiècle ».

Pour lui, nos déchirements actuels s’inscrivent dans une dynamique d’affrontements démocratiques. En bon Polonais, il traduit : « Le prêtre change, l’Eglise reste. » Rien à voir avec ce que Ronald Reagan caricaturait par « L’Empire du mal », une expression que le sage Komorowski, rétrospectivement, ne trouve pas excessive : « Il avait complètement raison, approuve-t-il. Nous avions le sentiment d’être les esclaves de l’Union soviétique. »

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: