« Aujourd’hui, au Brésil, c’est le virus qui commande »

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A Rio de Janeiro, le 8 juillet.

Une jeune vendeuse masquée de noir jette un coup d’œil à travers sa vitrine. « C’est fou tout le monde qu’il y a ! C’est pire que d’habitude ! On arrive à peine à passer ! », s’écrie-t-elle, entre amusement et effroi. Le jour vient à peine de se lever et les rues de Taquara sont déjà pleines. Comme si l’épidémie du coronavirus qui ravage le Brésil était déjà terminée. Comme si elle n’avait pas vraiment existé.

Dans cette zone ouest de Rio, le Covid-19 n’en finit pourtant pas de flamber. La région, à mi-chemin entre la banlieue et la campagne, traversée de voies rapides et cernée de sommets émeraude, violente, inégalitaire, grande comme huit fois Paris et peuplée par 2,3 millions de Cariocas, est devenue l’un des points chauds de la pandémie : avec 20 000 cas positifs et 2 800 victimes, elle concentre plus du tiers des malades et des décès de la ville.

Qu’importe : sur l’avenue Tindiba, tout a rouvert ou presque, avec autorisation de la mairie. Les chalands se pressent, s’agglutinent, font la queue devant tel magasin de literie ou d’électronique, au milieu des vendeurs de rue, proposant jus de coco, gâteau de maïs, pommeau de douche, ainsi que tout l’attirail de l’homo coronavirus : masques, lunettes, visière de protection, détergent, gel hydroalcoolique…

« Mourront ceux qui doivent mourir »

Aucune distance n’est respectée. Aucun contrôle ou presque n’est assuré. « J’ai peur », avoue Carlos, jeune retraité de 54 ans, venu accompagner sa mère octogénaire à la banque. « Idéalement, il faudrait continuer à se confiner, ne rien lâcher… Mais après quatre mois, les gens n’en peuvent plus, ils veulent être libres, sortir, se balader, aller à la plage… », dit-il, avant de lâcher : « Vous savez, ici, on se sent tous prisonniers de ce virus. »

Sous pression des milieux économiques, mais aussi du président Jair Bolsonaro, maires et gouverneurs du pays ont un peu partout commencé à décréter la fin des mesures de confinement qu’ils avaient prises localement (aucun confinement n’a été imposé au niveau national). Une décision risquée, alors que le Covid-19 continue de déferler sur le Brésil, avec 67 000 victimes et 1,7 million de malades recensés. Qu’importe : la responsabilité de se protéger est désormais laissée au bon vouloir du citoyen, libre et responsable de ses actes. Un état d’esprit résumé sans filtre le 3 juillet par le maire de la ville d’Itabuna, dans l’Etat de Bahia : « Mourront ceux qui doivent mourir. »

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