« Au XVIIe siècle, les deux tiers du volume d’argent arrivant dans les ports chinois viennent du Japon »

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L’historiographie, qui avait longtemps attribué l’essor du commerce en Asie à l’or venu d’Amérique du Sud, pense aujourd’hui qu’il a pour cause l’afflux d’argent des mines nippones, explique dans sa chronique Antoine Reverchon, journaliste au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 3 min.

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Chronique « Recherches ». Si l’Europe fut la grande gagnante de la première mondialisation des XVIe et XVIIe siècles, lorsque les grands navigateurs ouvrirent la voie aux commerçants sur tous les océans, c’est parce que, nous ont longtemps expliqué historiens et économistes, les puissances asiatiques fermaient au même moment leurs portes, comme le Japon, au négoce international (1636), voire incendiaient, comme la Chine, leur flotte de commerce (1525). Mais l’historiographie plus récente tend à réévaluer cette vision, sans doute au fil du recentrage de l’actuelle mondialisation autour de ces mêmes puissances.

Guillaume Carré, maître de conférences en histoire économique et sociale du Japon prémoderne à l’EHESS, a ainsi expliqué, lors d’une conférence le 13 février à l’Ecole d’économie de Paris, que l’essor du commerce international sur les rives des mers de Chine entre 1550 et 1650, classiquement attribué à l’afflux d’or et d’argent sud-américain via le fameux « galion de Manille » et à l’arrivée des commerçants portugais, puis hollandais, est surtout dû aux exportations massives d’argent extrait des mines du nord et de l’ouest du Japon, intensivement exploitées à partir de 1530 pour remédier à la pénurie de monnaie de cuivre importée de Chine.

La manne chinoise

Au cours du XVIIe siècle, les deux tiers du volume d’argent arrivant dans les ports chinois viennent du Japon, contre un tiers d’Amérique – même si les chiffres officiels sont faussés par la contrebande. Ce commerce explose d’ailleurs à partir de 1560 lorsque l’empereur de Chine, excédé par la renaissance permanente, malgré ses nombreuses campagnes navales, de la piraterie, qui contourne l’interdiction faite aux Chinois de commercer librement avec l’étranger, lève cette interdiction.

Navigateurs chinois, japonais, malais, javanais, vietnamiens se ruent alors sur la manne, échangeant l’argent japonais contre la soie et la porcelaine chinoises, les épices d’Asie du Sud. Les négociants japonais installent des comptoirs sur toutes les rives d’Asie du Sud-Est – sauf en Chine, où ils sont interdits de séjour : ils vont au Vietnam ou à Manille pour acheter les produits chinois, dont raffole l’élite de leur pays. Portugais, puis Hollandais, suivent les mêmes circuits mais ne représentent qu’un peu plus de 10 % de ce fourmillement de navires qui se croisent dans la « Méditerranée asiatique ».

Au cours du XVIIe siècle, les deux tiers du volume d’argent arrivant dans les ports chinois viennent du Japon, contre un tiers d’Amérique

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