Au Venezuela, le soutien fragile de l’armée à Nicolas Maduro

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La haute hiérarchie serre les rangs derrière le président et refuse les appels au ralliement de Juan Guaido. Mais les troupes sont divisées et se montrent sensibles à la promesse d’amnistie.

Par Jean-Pierre Bricoure Publié aujourd’hui à 06h39

Temps de Lecture 12 min.

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Le président Nicolas Maduro et le ministre de la défense Vladimir Padrino, lors d’un défilé militaire à Caracas, le 4 février.
Le président Nicolas Maduro et le ministre de la défense Vladimir Padrino, lors d’un défilé militaire à Caracas, le 4 février. SERVICE DE PRESSE DE LA PRESIDENCE VENEZUELIENNE / AFP

Il est apparu devant les caméras de la télévision vénézuélienne dès le lendemain de la proclamation de Juan Guaido, le 23 janvier. Droit dans ses bottes, Vladimir Padrino, ministre de la défense, y affirme d’un trait qu’une personne qui se lève ainsi pour se déclarer président par intérim menace l’Etat de droit et la paix dans le pays. « J’alerte le peuple du Venezuela qu’un coup d’Etat est perpétré contre la démocratie, contre la Constitution, contre le président Nicolas Maduro, le président légitime de la république bolivarienne du Venezuela », a ajouté le chef des armées.

L’allégeance au pouvoir en place ne souffre aucune contestation. Entouré d’une dizaine de militaires étoilés, Vladimir Padrino, lui-même général, nommé ministre en 2014 par feu Hugo Chavez, renvoie l’image d’une armée vénézuélienne serrant les rangs. Non seulement la haute hiérarchie des forces militaires, enfants chéris du régime chaviste, refuse toute négociation avec l’opposition, elle entend aussi jouer à plein son rôle de pilier des institutions et arbitre de la crise en cours.

Un bel élan d’unité et de rigueur qui peine toutefois à masquer le mécontentement de la troupe et les divisions révélées ces derniers mois au sein des commandements intermédiaires. Quatre complots ont été démantelés en 2018 et leurs responsables arrêtés. Cent vingt-trois soldats ont été mis derrière les barreaux pour conspiration.

Trois jours encore avant l’apparition télévisée du ministre, le 21 janvier, vingt-sept militaires de la Garde nationale bolivarienne s’étaient soulevés dans une caserne du quartier de Cotiza, dans le nord de Caracas. Armés et à visage découvert, plusieurs sergents ont manifesté leur colère, affirmé que leurs familles n’avaient plus rien à manger et appelé à désavouer le président Maduro avant d’être arrêtés.

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« Une sorte de statu quo »

A peine une semaine plus tard, le général de l’armée de l’air Francisco Yanez, parti précipitamment en exil, annonce sur les réseaux sociaux sa défection. Le 9 février, c’est au tour du colonel de l’armée de terre Ruben Alberto Paz d’appeler, dans une vidéo, à reconnaître l’opposant Juan Guaido. Pour l’heure, aucun signe ne laisse penser que leurs messages ont été suivis d’effets. Ils n’en sont pas moins révélateurs des failles dans la chaîne de commandement et symptomatique de poussées antichavistes au sein de l’armée.

Selon la journaliste Sebastiana Barraez, spécialiste reconnue de l’armée vénézuélienne, trois groupes se distinguent au sein de forces militaires estimées à 365 000 hommes : les chavistes, omniprésents chez les hauts gradés et les officiers, mais pas seulement ; les mécontents et opposants, nombreux dans les casernes, parmi les jeunes engagés ainsi que les sous-officiers ; et le gros des troupes, formé par les déçus du chavisme, « une majorité qui ne bougera ni pour un camp ni pour l’autre, qui ne prendra pas les armes pour défendre Maduro mais qui ne basculera pas non plus pour renverser le régime », affirme l’experte.

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