Au Venezuela, l’ambassadeur de France privé d’électricité et de gaz par les autorités

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A Caracas, le 7 avril.
A Caracas, le 7 avril. MANAURE QUINTERO / REUTERS

Au début, on pouvait croire à une coïncidence. A l’une de ces contrariétés de la vie quotidienne dans un pays, le Venezuela, ravagé par la crise économique et sociale, aux infrastructures décrépies. Mais l’ambassadeur de France, Romain Nadal, a dû se rendre à l’évidence. Depuis début mai, la rue où se trouve sa résidence à Caracas, à environ cinq minutes en voiture de l’ambassade, se trouve ceinte par une présence sécuritaire hors norme. Des barrages filtrants ont été mis en place à l’entrée et à la sortie par la police politique, le SEBIN. L’électricité a été coupée le 3 mai, puis le gaz ces derniers jours. D’habitude, les interruptions de courant, fréquentes dans la capitale, durent quelques heures.

Face à ces actes d’hostilité, que les autorités locales n’ont pas cherché à corriger malgré de multiples échanges, le ministère des affaires étrangères, à Paris, a convoqué l’ambassadeur du Venezuela une première fois lundi, puis mercredi 13 mai, pour dénoncer de graves atteintes à la convention de Vienne sur les relations diplomatiques. Son article 25 stipule notamment que « l’Etat accréditaire accorde toutes facilités pour l’accomplissement des fonctions de la mission ». Dans un communiqué publié mercredi, le Quai d’Orsay exprime sa « ferme condamnation des mesures prises ces derniers jours venant porter atteinte au fonctionnement normal de notre représentation diplomatique à Caracas ».

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D’autres résidences diplomatiques sont également touchées, dans cette même rue de Caracas : celles des Etats-Unis – désertée depuis le départ de l’ambassadeur en mars 2019 –, d’Autriche et d’Afrique du Sud. Les diplomates encore présents peuvent circuler avec leur plaque d’immatriculation spéciale, sans fouille du véhicule, mais doivent se présenter au barrage filtrant. La résidence de l’ambassadeur de France dispose d’un générateur alimenté au gasoil, avec une autonomie de plusieurs semaines. Des gendarmes et employés vénézuéliens vivent aussi sur place. Certaines familles vénézuéliennes installées dans le quartier ont été contraintes de déménager, faute de disposer d’un même équipement.

L’affaire laisse peu de place au doute : la crise politique sans issue dans laquelle est plongé le pays est à l’origine de ces brimades exceptionnelles. Le leader de l’opposition, Juan Guaido, qui s’était autoproclamé président par intérim le 23 janvier 2019, a été reconnu par une soixantaine de pays. Il est notamment soutenu par les Etats-Unis, qui ambitionnent de faire tomber Nicolas Maduro.

Rumeurs sur le lieu où M. Guaido s’est réfugié

Début février, M. Guadio avait effectué une tournée internationale à Bogota, Londres, Bruxelles, Davos, Paris, Toronto et Washington. A son retour, le 11 février, il avait été accueilli à l’aéroport dans une atmosphère très tendue par une délégation diplomatique composée de représentants de l’Union européenne, de la France, de l’Espagne, de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la Pologne et de la Roumanie. Il ne s’agissait pas alors d’échanger sur les leçons de ce voyage, mais d’éviter d’éventuelles violences, alors que l’intégrité physique de Juan Guaido n’est pas assurée. Celui-ci doit vivre dans une forme de semi-clandestinité. Il avait été brièvement arrêté en janvier 2019 par le SEBIN.

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Fin février, ces mêmes diplomates étrangers avaient rencontré Juan Guaido plus calmement, afin de discuter de son long déplacement international. Les mesures de rétorsion prises contre l’ambassadeur de France et les autres résidences diplomatiques de cette rue de Caracas pourraient être liées à des rumeurs concernant l’opposant, relayées par les réseaux sociaux. Selon celles-ci, Juan Guaido aurait trouvé refuge dans l’une des résidences, sans que rien ne vienne les étayer. Mais il peut s’agir aussi d’une forme d’intimidation, destinée à forcer le départ de ces diplomates, considérés comme hostiles. Nicolas Maduro a nommément mis en cause Romain Nadal à la mi-février, pour s’être immiscé « gravement dans les affaires intérieures du pays ». De son côté, la résidence d’Espagne se trouve en situation de siège depuis un an, avec sa rue barrée. L’ambassade d’Espagne, elle, fonctionne avec un générateur électrique, car les autorités refusent de rétablir le courant, malgré des demandes répétées.

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Mardi, le président Nicolas Maduro a annoncé l’extension d’un mois de l’« état d’alerte », alors que le Venezuela demeure très peu touché par l’épidémie du Covid-19, par rapport à ses voisins. Seules 420 personnes ont été recensées comme malades, même si tous les chiffres officiels dans le pays sont à prendre avec méfiance. Ce faible bilan, s’il se révélait exact, pourrait être dû à l’isolement complet du pays et à la réduction drastique des flux avec l’extérieur.

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