Au Venezuela, « la patrie est devenue un enfer »

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Plus de 4,3 millions de personnes sont parties depuis 2015, et ce chiffre pourrait atteindre 7,5 millions d’ici à 2020.

Par Publié aujourd’hui à 11h06, mis à jour à 11h38

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Dans le quartier de Petare, à Caracas, le 24 mars 2019.
Dans le quartier de Petare, à Caracas, le 24 mars 2019. JUAN BARRETO / AFP

Partir ou ne pas partir ? La question hante le Venezuela. « Moi, je dis que ceux qui partent sont des traîtres à la patrie », lance Ivan Teran, qui vend des salades dans un chariot rouillé sur le marché de Coche, dans le sud populaire de Caracas. Le propos soulève un tollé : « La patrie est devenue un enfer », lui rétorque un client. « Moi, je partirais si je n’avais pas trois enfants en bas âge », ajoute un autre. Ivan interroge : « Si tout le monde s’en va, comment les choses vont-elles changer ? » « Elles ne vont pas changer », répond le premier client.

Selon les chiffres de l’ONU, plus de 4,3 millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays depuis 2015, fuyant un pays ravagé par une crise sans précédent. Le chiffre place l’exode vénézuélien au deuxième rang mondial, après celui des Syriens. « Il constitue un record pour un pays qui n’est pas en guerre et qui n’a pas connu de grande catastrophe naturelle », note Christian Kruger, directeur des services migratoires colombiens.

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Terre de pétrole et d’immigration, le Venezuela a accueilli dans le passé des centaines de milliers de Latino-Américains. Selon les estimations de Caracas, plus de 3 millions de Colombiens y vivent encore. Mais, retour de l’histoire, l’inégalitaire et encore violente Colombie fait désormais figure d’eldorado ou du moins de refuge. Les conditions de vie du 1,4 million de Vénézuéliens migrants y sont pourtant précaires. « Je vis mal mais je ne veux pas subir l’humiliation de la xénophobie », explique Ivan.

Les Vénézuéliens les plus aisés ont été les premiers à partir, pour beaucoup à Madrid ou à Miami. Les jeunes diplômés ont suivi. Puis l’exode est devenu général. Toute l’Amérique du Sud est concernée. Cinq mille personnes par jour quittent en moyenne le Venezuela, selon les organismes internationaux. En juin, l’Organisation des Etats américains signalait que le nombre de Vénézuéliens à l’étranger pourrait atteindre 7,5 millions d’ici à fin 2020. « Comment va-t-on reconstruire le pays, si tous les jeunes les mieux formés sont partis ou ont envie de partir ? », s’inquiète Sayed. En attendant, les Vénézuéliens de l’extérieur envoient de l’argent à leur famille. Dans un pays où le salaire minimum est à moins de 2 dollars, 100 dollars changent la vie. Ces remesas, dont le montant global est difficile à estimer, permettent d’éviter la catastrophe humanitaire.

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