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Les attentats islamistes d’avril 2019 ont relancé la défiance vis-à-vis de la population musulmane dans le pays.
Une décennie après la fin de la guerre contre la rébellion tamoule, les nationalistes de la majorité cinghalaise ont changé de cible. « La perception chez beaucoup est que les Tamouls ne sont plus si problématiques, que ce sont désormais les musulmans dont il faut se méfier. Avant 2019, je ne me sentais pas suspect dans mon propre pays, ça a changé », déplore Shammas Ghouse, un étudiant en droit de 29 ans, musulman, vivant à Colombo. Lui et plusieurs de ses coreligionnaires disent leur crainte d’être pris à partie quand ils se déplacent seuls dans le pays.
Les attentats djihadistes du 21 avril, qui ont fait 259 morts, nourrissent les tensions communautaires. Dans le mois qui suivait, des émeutiers chrétiens et bouddhistes s’en prenaient aux musulmans dans le nord-ouest de l’île, faisant un mort. Les neuf ministres musulmans, sous la pression de bouddhistes radicaux, n’ont pas eu d’autre choix que de démissionner en bloc.
Discours de haine
Ces dernières années déjà, des groupes bouddhistes ultranationalistes ont incité à la haine contre les disciples du Prophète, suscitant des attaques contre les mosquées et les commerces tenus par des musulmans sur la côte sud-ouest, en 2014, puis dans le centre du pays, en 2018. Les attentats de Pâques les ont revigorés. Le président sortant, Maithripala Sirisena, s’est résolu, le 23 mai, à faire libérer le moine le plus radical, Galagoda Aththe Gnanasara, proche du birman U Wirathu, et connu pour des discours de haine similaires. Il avait été condamné à six ans de prison pour outrage à magistrat.
Le soutien au mouvement qu’il dirige, Bodu Bala Sena (BBS, la force du pouvoir bouddhiste), s’en trouve renforcé, selon son cofondateur, Dilanthe Withanage. « Beaucoup de ceux qui nous critiquaient nous soutiennent désormais. Après les attentats de Pâques, les gens ont réalisé qu’il existait une réelle menace de groupes islamistes, ce qu’on disait depuis sept ans », se félicite-t-il, en référence à la fondation du mouvement en 2012.
Le régime de Mahinda Rajapakse (2005-2015) avait laissé ce type d’organisation fleurir, conscient qu’un renforcement de la fibre nationaliste cinghalaise servait sa cause électorale. Peu de chances donc que les 10 % de musulmans du pays votent pour son frère Gotabaya, samedi 16 novembre, lors de l’élection présidentielle. Mais son conseiller juridique, Mohamed Ali Sabry, lui-même musulman, a quand même utilisé un argument de dernier recours en fin de campagne : s’ils reviennent au pouvoir, mieux vaut que les Rajapakse aient le sentiment d’avoir été élus aussi par les musulmans, sinon ces derniers risqueraient « de se prendre une grosse raclée ». Interrogé à ce sujet par Le Monde, il explique avoir voulu dire qu’il valait mieux que les musulmans participent au pouvoir à venir plutôt que de se trouver davantage marginalisés.
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