Au Soudan, 27 membres du renseignement condamnés à mort pour avoir tué un manifestant

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Une manifestante soudanaise brandit un portrait d’Ahmed Al-Khair, lundi 30 décembre, à Omdourman.
Une manifestante soudanaise brandit un portrait d’Ahmed Al-Khair, lundi 30 décembre, à Omdourman. MOHAMED NURELDIN ABDALLAH / REUTERS

C’est la première condamnation à mort de militaires soudanais depuis la vaste révolte qui avait bouleversé le pays, au début de l’année 2019. Un tribunal a condamné lundi 30 décembre à la peine capitale vingt-sept membres des services de renseignement, reconnus coupables d’avoir torturé à mort un manifestant.

Le redouté Service national de renseignement et de sécurité (NISS) soudanais – rebaptisé depuis Service des renseignements généraux – a joué un rôle-clé dans la répression de la révolte, qui avait conduit au renversement du président Omar Al-Bachir en avril. Au moins 177 manifestants ont été tués en moins de six mois, selon Amnesty International, mais un comité de médecins proche des manifestants évalue plutôt le bilan à plus de 250 victimes.

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« Les coups reçus ont conduit à sa mort »

Les vingt-sept soldats du NISS étaient jugés pour les tortures commises sur Ahmed Al-Khair, un enseignant originaire de l’Etat de Kassala, dans l’est du pays. Ce manifestant de 36 ans, accusé d’avoir participé à l’organisation de manifestations antigouvernementales, avait été arrêté le 31 janvier puis conduit dans les locaux du service des renseignements généraux. « Les coups reçus ont conduit à sa mort », a souligné durant le procès le juge du tribunal d’Omdourman. La mort de la victime avait été annoncée le 2 février.

Lors de l’audience, le juge a demandé au frère de la victime, Saad Al-Khair, s’il était prêt à pardonner aux vingt-sept accusés. Ce dernier a éclaté en sanglots avant de répondre : « Je demande la peine de mort. » « Le sang du martyr n’aura pas été versé en vain », « Vive la justice », « Châtiment juste », ont scandé des manifestants réunis devant le tribunal après l’annonce du verdict.

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Onze membres du même service de renseignement avaient déjà été condamnés à des peines allant de trois à cinq ans de prison dans cette affaire. La défense dispose de deux semaines pour faire appel.

Triplement du prix du pain

Le 19 décembre 2018, des centaines de Soudanais avaient commencé à manifester dans plusieurs villes du pays après la décision gouvernementale de tripler le prix du pain en pleine crise économique. Ce mouvement s’est transformé en une révolte qui a abouti, le 11 avril, à la destitution par l’armée du président Omar Al-Bachir, après trente ans de pouvoir sans partage.

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Depuis la conclusion en août d’un accord entre les militaires qui avaient succédé à M. Bachir et les leaders de la contestation, le pays est dirigé par un gouvernement de transition, avec un premier ministre civil et un Conseil souverain composé de civils et de militaires. Les nouvelles autorités ont multiplié les mesures visant à démanteler l’ancien régime et à répondre aux aspirations de la contestation.

En septembre, le premier ministre, Abdallah Hamdok, a formé un comité chargé d’enquêter sur la répression d’un sit-in le 3 juin devant le quartier général de l’armée à Khartoum, épisode le plus sanglant de la révolte.

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M. Bachir, détenu depuis avril à Khartoum, a lui été condamné le 14 décembre à une peine de deux ans en institution pénitentiaire pour « corruption ». L’ex-dictateur reste par ailleurs la cible de graves accusations de la part de la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes lors du conflit sanglant au Darfour (ouest) à partir de 2003.

Lors du premier anniversaire de la révolte, des milliers de Soudanais avaient manifesté dans la capitale et dans d’autres villes du pays pour réclamer justice aux « martyrs de la révolution ».

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