Au Sahel, un succès militaire contre le djihad

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Editorial du « Monde ». L’élimination du chef d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) par les forces spéciales françaises, le 3 juin au Mali, a soudainement rappelé aux Français, accaparés par la lutte contre le coronavirus, qu’une guerre se poursuivait au Sahel, dans laquelle sont engagés plus de 5 000 de leurs compatriotes.

Présentée vendredi comme un « succès majeur » par la ministre des armées, Florence Parly, l’opération s’est soldée non seulement par l’élimination de l’émir d’AQMI, l’Algérien Abdelmalek Droukdel, mais aussi par la « neutralisation de plusieurs de ses proches collaborateurs ». La ministre a saisi l’occasion pour annoncer, parallèlement, la capture à la mi-mai d’un responsable de l’autre grande organisation djihadiste au Sahel, l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS).

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Il est trop tôt pour dire si ces succès militaires marquent un tournant dans le combat contre le terrorisme djihadiste qui déstabilise les pays du Sahel, mais ils donnent aux forces françaises quelques raisons d’espérer. D’abord, le fait que l’opération du 3 juin ait pu être menée « à partir de croisements de renseignements français et américains », selon Paris, montre que les Etats-Unis ne se sont pas retirés de la région pour réorienter leurs capacités de surveillance, comme ils avaient menacé de le faire il y a six mois, poussant Mme Parly à aller plaider sa cause directement à Washington. L’assistance des moyens américains de renseignement est en effet indispensable aux troupes françaises, dont les effectifs ne permettent pas de couvrir l’immensité du désert sahélien.

Des Etats encore très fragiles

D’autre part, la disparition d’Abdelmalek Droukdel, l’un des derniers Algériens « historiques » à la tête d’AQMI, pourrait signaler la fin de la tutelle algéro-mauritanienne sur le djihadisme sahélien et modifier les équilibres au sein de la mouvance islamiste dans la région, ce qui changerait, à terme, les perspectives de négociation.

Personne, cependant, ne crie victoire. Si l’armée française a déjà éliminé de nombreux cadres terroristes et « neutralisé » – tué ou capturé – plus de 500 djihadistes ces derniers mois, elle n’a pas encore réussi à enrayer le recrutement. Les deux principales figures djihadistes du Mali, l’ex-chef touareg Iyad Ag Ghali et le Peul Amadou Koufa, sont très actives.

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Les principaux objectifs fixés au cours du sommet G5 Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie, Tchad) qui s’est tenu à Pau en janvier à l’initiative de la France restent en bonne partie à accomplir. La priorité y avait été donnée à la lutte contre l’Etat islamique, dont la branche locale est particulièrement virulente dans la région des trois frontières, entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, mais AQMI a montré qu’elle restait l’organisation la mieux implantée.

Autre objectif de Paris, le renforcement des troupes africaines locales aux côtés des forces françaises laisse encore beaucoup à désirer. Le bataillon tchadien attendu au Mali est bloqué dans la région du lac Tchad par la lutte contre Boko Haram. Les militaires de la région sont régulièrement accusés d’exactions, et les Etats restent très fragiles, incapables d’assurer des services essentiels auprès de leurs populations, ce qui laisse le champ libre au recrutement des djihadistes. La force Takuba, groupement de forces spéciales européennes, est en cours de constitution. Seule certitude : l’éventualité, un jour, d’un départ des forces françaises, engagées au Mali depuis 2014, ne pourra dépendre de la seule approche militaire.

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Le Monde

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