Au Rwanda, les âmes des soldats belges hantent le camp Kigali

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Les lieux du génocide (2/9). Le 7 avril 1994, au lendemain de la mort du président Habyarimana, dix casques bleus venus protéger la première ministre ont été tués par des militaires rwandais.

Par Pierre Lepidi Publié aujourd’hui à 07h00

Temps de Lecture 7 min.

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Dix stèles ont été érigées au camp Kigali, dont le bâtiment est encore ciblé de balles, en hommage aux soldats belges tués le 7 avril 1994.
Dix stèles ont été érigées au camp Kigali, dont le bâtiment est encore ciblé de balles, en hommage aux soldats belges tués le 7 avril 1994. Ilf_ / Flickr

La vieille barrière et le poste de garde sont toujours là, mais l’entrée est condamnée par un portail. L’accès à l’ancien camp militaire se situe désormais à quelques mètres du Kigali Conference and Exhibition Village, le prestigieux centre de conférences de la capitale rwandaise. Après avoir franchi le portique de sécurité, le visiteur marque un temps d’arrêt. Face à lui, la façade du bâtiment, criblée de dizaines d’impacts de balles, témoigne du déchaînement de violence que le camp Kigali a connu. Le 7 avril 1994, dans les premières heures d’un génocide où, selon l’ONU, 800 000 Tutsi et Hutu modérés ont perdu la vie, dix para-commandos belges, membres de la Mission de l’ONU pour l’assistance au Rwanda (Minuar), ont été massacrés ici. Vingt-cinq ans après, des taches de sang recouvrent encore les murs.

Présentation de la série Rwanda : les lieux du génocide

Le 6 avril à 20 h 30, l’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana, alors qu’il revenait de Tanzanie après avoir signé un accord avec les rebelles tutsi du Front patriotique rwandais, agit comme un signal. Vers 21 heures, les premiers barrages se mettent en place et tous ceux qui présentent la mention « Tutsi » sur leur carte d’identité sont abattus à coups de machettes, de marteaux ou de gourdins. Personne ne sait qui a tiré les missiles SA-16 qui ont abattu l’avion présidentiel, mais sur les ondes de la Radio des Mille Collines, les coupables sont désignés : « Ils ont tué notre président… Il faut massacrer tous ces cafards de Tutsi ! » Une rumeur folle parcourt certains quartiers : « Ce sont des Belges, nos anciens colons, qui ont tiré sur l’avion. » Il est 22 heures. La ville sombre dans le chaos. Il n’y a plus de règles, il n’y a plus de lois.

Le général canadien Roméo Dallaire, commandant de la Minuar, décide d’envoyer une escorte pour protéger la première ministre, Agathe Uwilingiyimana. Celle-ci doit prononcer une allocution à la radio, le 7 avril au matin, pour tenter de ramener le calme et assurer la transition du pouvoir. Vers 2 h 15, le lieutenant Thierry Lotin, commandant du peloton Mortiers, se voit attribuer cette mission de protection, selon un rapport de la Cour militaire au Sénat belge, en 1996. Il se trouve alors à l’aéroport, en train de faire le plein d’essence de ses Jeep. Il quitte la zone, mais d’innombrables barrages l’obligent à des détours. Des tirs résonnent dans toute la ville.

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