Au Pérou, la ville la plus haute du monde épuise ses habitants

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La Rinconada, située à 5300 m d’altitude, dans le sud-est du Pérou.
La Rinconada, située à 5300 m d’altitude, dans le sud-est du Pérou. Tom BOUYER – EXPEDITION 5300

Un taux d’hématocrite (volume de globules rouges dans le sang) supérieur à 80 %, 8 litres de sang quand la moyenne est à 5, des vaisseaux sanguins hyperdilatés en permanence, sans compter le ventricule droit du cœur hypertrophié… Tous les travailleurs de la mine d’or de La Rinconada (sud-est du Pérou), la ville la plus haute du monde (5 300 mètres), examinés en février 2019 par une équipe française présentent ce tableau effrayant qui précipiterait n’importe quel habitant des plaines aux urgences. Pour supporter l’hypoxie – 50 % d’oxygène en moins par rapport au niveau de la mer –, tous vivent à la limite des capacités du corps humain, même s’ils ne se sentent pas tous, pour autant, malades.

C’est le principal résultat dévoilé par le chef de l’expédition, Samuel Vergès, du laboratoire Hypoxie et physiopathologie (HP2, Inserm et université Grenoble-Alpes). Il y a un an, les douze scientifiques de son équipe ont installé un laboratoire éphémère proposant une batterie de tests sanguins, respiratoires et génétiques à La Rinconada, pseudo-ville née d’une ruée vers l’or, où survivent plus de 50 000 habitants sans eau courante, ni tout à l’égout et quasiment pas de médecins.

A une telle altitude, où l’on pensait la vie humaine permanente impossible, seul un quart de la population présente les signes du mal chronique des montagnes

Les chercheurs voulaient comprendre pourquoi à une telle altitude, où l’on pensait la vie humaine permanente impossible, seul un quart de la population présente les signes du mal chronique des montagnes ou CMS (chronicle mountain sickness). Un syndrome qui regroupe plusieurs symptômes : céphalées, essoufflement, palpitations, cyanose, paresthésie, acouphènes, perturbation du sommeil et troubles vasculaires. Mais aujourd’hui, après avoir analysé 80 % des données, l’équipe doit reconnaître qu’elle n’a pas encore résolu l’énigme. « A 5 300 mètres, nous pensions trouver des différences physiologiques entre les personnes atteintes de CMS et les autres, comme on en observe à 4 000 mètres, or il n’y en a aucune », constate Samuel Vergès qui précise : « A 4 000 mètres, les Péruviens des montagnes déclenchent en général un CMS quand leur taux d’hématocrite dépasse les 63 %. C’est un marqueur assez fiable. A 5 000 mètres, tous sont à plus de 80 % sans pour autant éprouver forcément le mal des montagnes. »

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Autrement dit, on ignore toujours pourquoi certains présentent ce mal chronique et d’autres pas. Cela pourrait tenir à des différences génétiques ou épigénétiques qui font aussi l’objet du programme grenoblois, mais les analyses ne sont pas terminées. Une autre hypothèse serait que les gens qui n’ont pas encore déclaré un CMS finissent par en faire un, tôt ou tard. Car toutes les analyses montrent que leur organisme, en lutte permanente contre l’hypoxie, a atteint les frontières du supportable. Tous fabriquant une énorme quantité de globules rouges, leur sang devient très visqueux et leurs vaisseaux doivent se dilater au maximum pour l’écouler, ce qui ne laisse aucune marge de manœuvre en cas d’accident vasculaire. Pour alimenter le système pulmonaire qui souffre lui aussi du manque d’oxygène, le ventricule est en surchauffe, d’où son hypertrophie. Enfin, les analyses sanguines révèlent un état inflammatoire et un stress oxydatif permanents. Autrement dit, même ceux qui ne présentent pas de CMS, vivent au bord de l’accident ischémique grave.

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