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Avec 123 voix sur 217, Rached Ghannouchi, le chef historique de la formation, a été élu à la tête de l’Assemblée des représentants du peuple.
Il aura fallu une journée et quelques prises de bec pour que le nouveau Parlement tunisien se choisisse un président. Rached Ghannouchi, 78 ans, leader historique du parti islamo-conservateur Ennahda depuis vingt-quatre ans, a été élu avec 123 voix sur 217, face à trois autres candidats, mercredi 13 novembre. Un résultat largement attendu car le parti, arrivé en tête des élections législatives du 6 octobre, ne cachait pas sa volonté de briguer cette mandature.
Ne disposant que d’un quart des sièges dans une Assemblée des représentants du peuple morcelée, il lui aura fallu passer quelques compromis pour arriver à ses fins. A commencer par un accord avec le parti Qalb Tounès, (« au cœur de la Tunisie »), de Nabil Karoui, candidat à la présidentielle arrivé second, emprisonné pendant une bonne partie de la campagne pour des soupçons de blanchiment et de fraude fiscale. Cette formation a pourtant longtemps déclaré qu’elle ne s’allierait pas avec Ennahda, l’accusant même d’être à l’origine de la détention de son candidat.
Mais ces derniers jours, le discours a changé. Les membres de Qalb Tounès ont parlé de leur désir d’un gouvernement d’union nationale faisant prévaloir « l’intérêt du pays ». Ce revirement s’est soldé par un vote du parti en faveur de Rached Ghannouchi. En contrepartie, la vice-présidence de l’Assemblée a échu à une députée de Qalb Tounès, Samira Chaouachi.
Dans l’opposition, certains parlent d’une « alliance contre nature » même si Ennahda et Qalb Tounès refusent de la qualifier ainsi. « Le Parlement est une chose, le gouvernement en est une autre. Il n’y a pour l’instant aucune négociation sur une alliance en vue d’un gouvernement », insistait une membre du parti Qalb Tounès, Lilia Bellil, à l’issue des résultats. Il s’agissait, selon l’élue, de ne pas « bloquer le Parlement » en s’opposant à la candidature de Rached Ghannouchi.
Scénario du « consensus »
Le vote de mercredi rappelle à beaucoup l’accord entre Ennahda et le parti Nidaa Tounès – créé par l’ancien président Beji Caïd Essebsi – passé en 2014 pour former un gouvernement d’union nationale. Ce scénario du « consensus » avait été perçu comme un facteur de paralysie et de crise de confiance dans le personnel politique. Il avait aussi largement divisé les bases des deux partis. Aujourd’hui, beaucoup craignent une répétition de la précédente mandature. « C’est assez dommage pour certains électeurs de Qalb Tounès qui pensaient avoir voté pour ce parti afin de contrer les islamistes. Il y a eu un vote utile pendant les élections qui s’est avéré être déconnecté de la réalité politique », analyse le journaliste Mourad Zeghidi, présent à l’Assemblée durant le vote.
Quoi qu’il en soit, ce vote marque une nouvelle étape pour Rached Ghannouchi, militant politique depuis un demi-siècle. En se présentant aux législatives, le leader descendait pour la première fois comme candidat dans l’arène politique avec l’ambition affichée de présider le Parlement. Celui qui a manié jusqu’à présent l’art du consensus et de l’équilibre entre les différents gouvernements pour permettre à Ennahda de se maintenir au pouvoir se retrouve désormais exposé à ses pairs et à ses détracteurs. En témoignent les invectives d’Abir Moussi, son opposante forcenée et présidente du Parti destourien libre (PDL), dès le début de la séance plénière du Parlement mercredi. Si le parti islamiste a perdu près d’un million d’électeurs depuis 2011, la présidence de l’Assemblée l’assied une fois de plus dans une position de négociateur clé dans le paysage politique actuel.
Aujourd’hui, l’enjeu principal repose sur la formation du prochain gouvernement qui devra être également approuvé par la nouvelle Assemblée. Ennahda multiplie les ballons d’essai en lançant depuis plusieurs jours les noms de personnalités indépendantes. Lors des résultats électoraux, beaucoup craignaient un Parlement ingouvernable, faute de majorité.
Cette victoire en demi-teinte d’Ennahda, si elle a évité une première crise parlementaire, laisse entrevoir de nouvelles tractations et compromis difficiles pour former le prochain gouvernement. Le conseil de la Choura, bureau politique du parti, doit se réunir dès jeudi matin et donner le nom d’un candidat au poste de premier ministre d’ici à la fin de la semaine.
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