Au Monténégro, des élections législatives sur fond de divisions

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Le président Milo Djukanovic a voté dimanche 30 août dans la capitale monténégrine, Podgorica.

Les Monténégrins votent dimanche 30 août aux législatives, mettant à l’épreuve trois décennies de domination de la formation du président pro-occidental Milo Djukanovic. Ce dernier affronte, dans une ambiance pesante, une opposition soutenue par la puissante Eglise orthodoxe serbe. Les bureaux de vote ont ouvert à 7 heures (heure locale) et fermeront à 20 heures. Les résultats sont attendus plusieurs heures après la fin du scrutin.

Réformiste dynamique pour certains, autocrate corrompu pour d’autres, Milo Djukanovic, 58 ans, dirige le Monténégro quasiment sans discontinuer depuis la fin de l’ère communiste, au début des années 1990. Son Parti socialiste démocratique (DPS) n’a jamais perdu un scrutin, et M. Djukanovic a conduit le pays le moins peuplé des Balkans (620 000 habitants) à l’indépendance de la Serbie en 2006, à l’adhésion à l’OTAN en 2017 et aux portes de l’Union européenne (UE). Le Monténégro est en effet le pays balkanique le plus avancé dans les négociations d’adhésion à l’UE, mais la corruption, la question de la liberté de la presse et le crime organisé restent des préoccupations pour Bruxelles.

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Une campagne tendue, sur fond de débats identitaires

Mais sa majorité sortante est très mince, et la confrontation avec une opposition de droite proserbe, partisane de liens plus étroits avec Belgrade et Moscou, s’annonce rude. Alors que Milo Djukanovic fait face depuis longtemps à des accusations de corruption, de mainmise sur l’Etat et de liens avec le crime organisé, la campagne électorale s’est plutôt concentrée sur sa querelle avec l’Eglise orthodoxe serbe (SPC) et sur les débats identitaires.

Cette polémique a éclaté fin 2019 lors de l’adoption d’une loi sur la liberté de religion qui ouvre la voie à une prise de contrôle par l’Etat des centaines d’églises et de monastères gérés par la SPC, dominante au Monténégro, et dont le siège est à Belgrade. Selon le recensement de 2011, près de 30 % des habitants du pays se déclarent serbes.

L’adoption de la loi a provoqué d’énormes manifestations sous forme de processions, menées par des dignitaires religieux et soutenues par l’opposition. Elles se sont déroulées aussi pendant l’épidémie de Covid-19. Intervenant dans la campagne, le chef de la SPC au Monténégro, le métropolite Amfilohije, a déclaré la semaine dernière que l’Eglise « n’[avait] pas son parti » mais qu’elle se réjouissait « naturellement pour ceux qui sont contre la loi et qui défendent les lieux sacrés ». Ces derniers jours, les manifestants ont organisé aussi des processions avec des voitures à travers le pays, en agitant les drapeaux de la Serbie.

Milo Djukanovic y voit une « menace à la souveraineté » du pays et qualifie l’opposition d’« infanterie politique du nationalisme grand serbe ». « Notre concurrence politique ne propose que la destruction, (…) la politique de trahison et de soumission (…). Ils souhaitent que le Monténégro n’existe pas », a-t-il lancé pendant la campagne. La police a mis en garde contre de possibles incidents le jour du scrutin, affirmant avoir découvert des plans de « descente dans la rue pour provoquer des émeutes et des troubles à l’ordre public ».

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Un scrutin qui s’annonce serré

L’écart sera sans doute ténu entre les deux blocs, et plusieurs petits partis, focalisés sur une économie mise à mal par l’épidémie et sur les défaillances de l’Etat de droit, pourraient jouer un rôle décisif dans la formation du nouveau gouvernement, estime l’analyste Milos Besic. La lassitude d’un pouvoir inchangé depuis presque trois décennies se fait aussi ressentir.

D’autant que l’économie a beaucoup souffert de la pandémie dans ce pays où le tourisme génère près d’un quart du PIB. Le chômage touche 18 % de la population active et le salaire moyen est de 520 euros. Nikola Jovanovic, homme d’affaires de 23 ans, estime que l’émigration massive de la jeunesse du pays en est la conséquence. « Que n’importe qui d’autre vienne au pouvoir, je n’ai pas vraiment de préférences, mais les changements sont très importants pour le développement de la société », dit-il.

Le Monde avec AFP

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