Au Mexique, Ciudad Juarez otage des pressions de Donald Trump

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La ville frontière avec les Etats-Unis craint l’imposition de droits de douane si la politique migratoire mexicaine n’est pas assez répressive aux yeux du président américain.

Par Publié aujourd’hui à 03h27

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Des migrants traversent le Rio Grande entre Ciudad Juarez (Mexique) et El Paso (Etats-Unis), le 29 avril.
Des migrants traversent le Rio Grande entre Ciudad Juarez (Mexique) et El Paso (Etats-Unis), le 29 avril. PAUL RATJE / AFP

Un fort vent d’incertitude souffle sur Ciudad Juarez (Etat de Chihuahua). La ville frontalière mexicaine, aussi exotique qu’un parking d’autoroute, est séparée de sa flamboyante jumelle américaine, El Paso (Texas), par un canal asséché. Au milieu, une barrière métallique rouillée bloque le passage des clandestins qui rêvent d’une vie meilleure. Et chaque matin, les salariés de Ciudad Juarez découvrent avec angoisse les nouveaux tweets de Donald Trump.

Le locataire de la Maison Blanche a fait de cette agglomération industrielle de 1,3 million d’habitants une des principales cibles de ses pressions douanières et migratoires sur son homologue, Andres Manuel Lopez Obrador (« AMLO »). Au point de contraindre le président mexicain de gauche à renoncer à sa politique humaniste.

Chaque jour, vers 15 heures, une étrange valse d’anciens bus scolaires débute aux abords des parcs industriels de Ciudad Juarez. Pas d’élèves à l’intérieur, mais des ouvriers des maquiladoras, ces usines tournevis qui alimentent à bas coût le marché américain. C’est la relève devant le gigantesque hangar de Ledvance, leader asiatique de l’éclairage qui produit ici plus de six millions d’ampoules par an. Le va-et-vient des entrées et des sorties donne le tournis. Certains ouvriers discutent autour des deux glacières d’une vendeuse de sandwichs et de boissons fraîches.

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« On l’a échappé belle », lâche Filipo Garcia, opérateur de 45 ans, en référence à l’accord arraché, vendredi 7 juin, entre Washington et Mexico. Il a levé la menace d’un droit de douane de 5 % que M. Trump faisait peser, depuis huit jours, sur tous les produits en provenance du Mexique. Cette taxe devait progresser chaque mois, jusqu’à atteindre 25 % en octobre, si le gouvernement mexicain ne stoppait pas l’immigration clandestine.

« On aurait perdu notre boulot », renchérit Jésus Regalado, technicien de 31 ans. Ces taxes auraient immédiatement fait perdre au Mexique sa compétitivité, faisant fondre les carnets de commande au bénéfice notamment de l’Inde. Selon le gouvernement, 1,2 million d’emplois ont ainsi été sauvés dans un pays où 80 % des exportations sont destinées aux Etats-Unis (près du tiers du produit intérieur brut, PIB).

« C’est juste un répit »

Mais dans les bureaux de Ledvance, Velia Lopez, responsable des ressources humaines, ne partage pas le soulagement de ses salariés : « C’est juste un répit. Trump reste imprévisible. A quand sa prochaine attaque contre nous ? » La question hante aussi Pedro Chavira, président de l’Association locale des maquiladoras : « Trump a compris l’intérêt d’associer l’immigration à l’économie. On est pris en otage par ce levier politique qui mobilise ses électeurs avant le scrutin américain de 2020. »

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