Au Mali, les communautés au cœur de la lutte contre le paludisme

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A quoi sert le Fonds mondial ? (6). A travers le pays, 3 000 agents de santé, dont plus de la moitié sont financés par le Fonds mondial, repèrent les malades et dispensent des soins gratuits.

Par Paul Lorgerie Publié aujourd’hui à 19h00

Temps de Lecture 3 min.

Rokia Traoré (à droite), 34 ans, fait partie des 3 000 agents de santé communautaires du Mali, dont plus de la moitié sont financés par le Fonds mondial. Ici, à Bamako, en octobre 2019.
Rokia Traoré (à droite), 34 ans, fait partie des 3 000 agents de santé communautaires du Mali, dont plus de la moitié sont financés par le Fonds mondial. Ici, à Bamako, en octobre 2019. PAUL LORGERIE

Il n’y a pas un coin de rue où Rokia Traoré ne s’arrête pour saluer du monde. Partie à 8 h 30, elle écume comme chaque matin le quartier de Yirimadio, à Bamako, où elle a grandi, pour repérer un voisin malade. Ancienne vendeuse au détail, elle est aujourd’hui agent de santé communautaire, un métier apparu au début des années 2010, notamment pour lutter contre le paludisme. Ce matin-là, Rokia rend visite à une jeune fille de 16 ans. « Elle avait un doute, alors elle est venue me voir hier matin », raconte l’agente. Verdict : paludisme. Rokia vérifie que la malade a bien pris ses médicaments et lui explique la suite du traitement.

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Le paludisme au Mali représente la première cause de consultation médicale et de mortalité. Selon une enquête démographique et de santé, plus de 2,6 millions de cas confirmés ont été enregistrés en 2018, soit 39 % des consultations dans les structures sanitaires publiques, causant la mort d’un millier de personnes. Un chiffre en deçà de la réalité, d’après le Programme national de lutte contre le paludisme, puisqu’il ne comprend pas les personnes qui préfèrent consulter un tradipraticien, ni celles qui se rendent dans des structures privées.

Baisse significative de la mortalité

Pour lutter contre le parasite, « nous mettons l’accent sur les agents qui sont eux-mêmes issus des communautés », explique le docteur Idrissa Cissé, directeur du Programme national de lutte contre le paludisme au Mali. En plus de communiquer avec leurs proches auxquels ils prodiguent écoute et conseils, les agents sont à même de pratiquer certains soins de santé essentiels, en s’appuyant sur les protocoles de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Ils peuvent prendre en charge les cas simples de paludisme ou, s’ils se rendent compte qu’il est trop grave, le référer au centre de santé le plus proche », précise M. Cissé.

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En tout, près de 3 000 agents de santé communautaires sont éparpillés à travers le Mali et dispensent des soins gratuits. « Ce qui n’est pas assez pour couvrir l’ensemble du territoire », insiste Idrissa Cissé. Plus de la moitié sont financés par l’argent du Fonds mondial (55,3 millions d’euros alloués pour la période 2019-2021) et employés par des organisations non gouvernementales. Depuis leur apparition au début des années 2010, les autorités sanitaires ont noté une baisse significative de la mortalité liée au parasite. En 2012, 1 883 personnes sont décédées parmi les 2,1 millions de cas déclarés, soit 800 de plus qu’en 2018.

Déployer le réseau

« Le problème est que, encore l’année dernière, les agents de santé communautaires étaient formés et équipés, mais il n’existait aucun suivi », observe Madeleine Beebe, coordinatrice des partenariats institutionnels au sein de l’ONG américano-malienne Muso. Les directeurs des centres de santé étaient pourtant chargés de cette mission. « Mais avec leur emploi du temps, ils sont rarement sur place alors que c’est un job à plein temps qui demande aussi de l’argent », indique Mme Beebe. C’est pourquoi, avec un financement du Fonds mondial, l’ONG qui emploie 381 agents a également embauché des superviseurs. De quoi mettre en place « une sorte de formation en continue », ajoute Vinima Kamaté, qui supervise aujourd’hui Rokia Traoré.

Le gouvernement malien entend bien maintenir, si ce n’est déployer, ce réseau d’accompagnants communautaires pour lutter contre le paludisme. Alors qu’arrivent à leur terme certains financements de l’USAID, l’agence des Etats-Unis pour le développement, le ministère malien de la santé et de l’hygiène publique compte prendre à sa charge, dès 2020, 375 agents de santé dans les régions de Sikasso et de Kayes, les zones les plus exposées au paludisme.

Une passation de financement qui rend perplexe Alfousseyni Sangaré, secrétaire permanent de l’instance de coordination des subventions du Fonds mondial à Bamako. Cette solution, estime-t-il, n’est « financièrement pas soutenable sur le long terme ». Et plus encore, « le Mali doit réfléchir à une nouvelle approche, insiste-t-il. Il faut maintenant faire en sorte que la population aille dans les centres de santé au risque qu’un système sanitaire parallèle ne s’installe ». Selon lui, les agents de santé communautaires ne doivent être qu’un appui aux structures sanitaires, et non pas les remplacer dans les quartiers et les villages. A l’instar de Rokia qui, depuis sa prise de poste en 2013, s’est érigée en véritable médecin dans le secteur qu’elle couvre.

Sommaire de notre série « A quoi sert le Fonds mondial ? »

Fruit d’un partenariat entre Etats, organisations, secteur privé et malades, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme investit près de 4 milliards de dollars par an (près de 3,7 milliards d’euros) pour soutenir des programmes de lutte contre ces trois maladies. Organisée tous les trois ans, la conférence de reconstitution des fonds de cette organisation internationale a lieu les mercredi 9 et jeudi 10 octobre à Lyon, sous la présidence d’Emmanuel Macron. Le Monde Afrique s’est rendu en Côte d’Ivoire, au Maroc, au Ghana et au Mali pour voir des exemples concrets de cette mobilisation. Zoom en reportages.

Episode 1 Au Maroc, les médiateurs thérapeutiques sont un maillon essentiel de la lutte contre le VIH
Episode 2 A Abidjan, la tuberculose « tourne » avec les drogues
Episode 3 « Hamdoullah ! Je n’ai pas le VIH ! » : le Maroc au chevet des usagers de drogues
Episode 4 Au Ghana, on vaccine des enfants contre le paludisme
Episode 5 En Côte d’Ivoire, la vie secrète d’une adolescente séropositive
Episode 6 Au Mali, les communautés au cœur de la lutte contre le paludisme

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