Au Luxembourg, une stratégie réussie de lutte contre la pandémie

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Un membre du personnel médical travaille avec des échantillons dans une station drive-in du Covid-19, à Luxembourg, le 27 mai.

Un plan contre la pandémie, établi dès le mois de janvier, quand peu de pays européens se souciaient du risque ; 50 masques distribués à chaque habitant et des commandes pour 69 millions au total ; des centaines de chambres d’hôtel offertes aux travailleurs frontaliers pour éviter la panne du système hospitalier ; un projet en cours de test généralisé de la population. Et, en bout de ligne, l’un des taux de mortalité les plus faibles parmi les pays touchés : le grand-duché de Luxembourg aura sans doute été le laboratoire d’une gestion efficace des risques liés au Covid-19.

Ce jour-là, le soleil brille sur la place d’Armes, au cœur de la capitale. Les restaurants ont pu rouvrir le 29 mai, plus tôt que prévu, et quelques touristes en profitent pour goûter en terrasse aux joies simples du déconfinement. Le petit pays de 620 000 habitants, coincé entre l’Allemagne, la France et la Belgique, n’a plus enregistré de décès depuis le 25 mai et, le 8 juin, il ne comptait plus qu’un seul patient en soins intensifs. Si la capacité des services d’urgence dans les hôpitaux a été portée préventivement de 100 à 300 lits, elle aura surtout servi à accueillir quelques dizaines de malades du Grand-Est français, rentrés tous guéris chez eux, à l’exception d’un seul.

Au siège du gouvernement grand-ducal, établi dans un petit palais édifié pour Marie-Thérèse d’Autriche – qui était aussi duchesse de Luxembourg –, le premier ministre, Xavier Bettel, sort de sa BMW avec un masque aux couleurs nationales, siglé d’un « Moien », la formule par laquelle les locaux se saluent tout au long de la journée.

Anticipation du scénario catastrophe

Volubile, achevant rarement l’un des nombreux propos qu’il veut partager, le dirigeant libéral, à la tête d’une coalition avec les socialistes et les Verts, est satisfait de son bilan : « Quand j’ai vu ce qui se déroulait à Wuhan au début de l’année, j’ai demandé à notre haut-commissaire pour la protection nationale [un haut fonctionnaire chargé de la gestion des crises] d’élaborer une sorte de scénario catastrophe ; cela nous a beaucoup aidés pour enrayer la transmission du virus. »

Après un premier cas venu d’Italie et détecté le 29 février, un confinement strict est décrété le 15 mars et un état de crise trois jours plus tard, afin de limiter l’activité économique. Le pays est déjà doté d’une quarantaine de millions de masques, mais, en se faisant aider par les communautés chinoise et coréenne immigrées, il va s’en procurer quelque 30 millions de plus, à un moment où le marché n’est pas encore totalement tendu. Il disposera aussi de respirateurs quand des Etats voisins seront contraints de venir procéder à des surenchères pour s’en procurer, en urgence, à l’aéroport de Findel-Luxembourg, où la société de fret Cargolux a pu maintenir des liaisons avec la Chine.

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La grande crainte des autorités porte alors sur une éventuelle saturation du système hospitalier, où 60 % des personnels soignants viennent des pays voisins. L’instauration de contrôles stricts aux frontières risque de décourager Français, Belges et Allemands, qui mettront parfois plus de quatre-vingt-dix minutes pour parcourir 30 ou 40 kilomètres. « J’ai appelé Emmanuel [Macron], Angela [Merkel] et Sophie [Wilmès] pour leur dire que, s’ils ne faisaient rien, mon pays risquait de mourir. Ils m’ont écouté », affirme le premier ministre, très mécontent de la débandade qui s’est manifestée au niveau européen.

« Ce n’est pas l’Europe qui est en cause. Ce n’est pas elle qui a foiré, mais les Etats qui refusent de lui donner davantage de compétences », Xavier Bettel, premier ministre

« J’avais l’espoir que les choses soient un peu coordonnées. Certains dirigeants m’ont répondu que ce n’était quand même pas Bruxelles qui allait décider à leur place…, se lamente Xavier Bettel. Et ce n’est pas l’Europe qui est en cause. Ce n’est pas elle qui a foiré, mais les Etats qui refusent de lui donner davantage de compétences. Et qui me diraient no si je proposais qu’on lui en octroie plus demain. »

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Pour prévenir une éventuelle carence en personnels hospitaliers, le Grand-Duché a aussi offert aux transfrontaliers des chambres d’hôtel, où ils pouvaient loger avec leur famille s’ils le désiraient. Quelque 1 400 soignants en ont profité. Tous les travailleurs étrangers ont aussi bénéficié de la distribution gratuite de masques, au même titre que les locaux.

Afin de prévenir des contaminations en milieu hospitalier ou dans la salle d’attente de généralistes, le gouvernement avait, par ailleurs, fait installer une quinzaine de centres décentralisés de dépistage systématique. Et il compte bien, désormais, faire aboutir une opération de test généralisés pour tous les habitants et les transfrontaliers.

Jusqu’ici, le petit (et riche) pays a mobilisé quelque 13 milliards d’euros, dont 10 consacrés au chômage partiel, aux aides pour les entreprises et les indépendants. Un vaste plan de relance est aussi en préparation, à base d’emprunts. A la tête d’un pays privilégié, qui est un havre de paix pour le secteur financier et, aussi, l’un des principaux bénéficiaires de la valeur ajoutée européenne, Xavier Bettel affirme ne pas vouloir oublier les autres : « Je ne comprends pas qu’il nous faille aussi longtemps pour se mettre d’accord sur les plans d’aide. Mais Angela Merkel a montré la voie à suivre », dit-il, en référence au soutien apporté par la chancelière allemande au plan de relance en cours de négociation au sein de l’Union européenne pour un montant de 750 milliards d’euros, financés par l’émission d’une dette commune.

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