Au Liban, une deuxième journée de violences pour un week-end de contestation

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En marge de la manifestation à Beyrouth, dimanche 19 janvier. (AP Photo/Hassan Ammar)
En marge de la manifestation à Beyrouth, dimanche 19 janvier. (AP Photo/Hassan Ammar) Hassan Ammar / AP

Pour le deuxième jour consécutif, des forces anti-émeutes ont tiré dimanche 19 janvier à Beyrouth des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants antigouvernementaux qui leur jetaient des pierres. Au moins 145 personnes ont été blessés, faisant monter le bilan du week-end à plus de 520 blessés, selon la Croix Rouge libanaise.

Pour le deuxième soir consécutif, des centaines de manifestants se sont rassemblés dans le centre-ville à l’entrée d’une avenue menant au Parlement. Aux cris de « Révolution, Révolution », ils ont jeté des pierres et des pétards sur les policiers bloquant l’avenue. Ces derniers ont répliqué avec des balles en caoutchouc, un canon à eau et des lacrymogènes. Deux journalistes ont été blessés dont l’un à la main par une balle en caoutchouc, et quarante-cinq personnes ont été hospitalisées.

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En fin de soirée et face au nuage de gaz lacrymogène et aux pluies diluviennes, les manifestants se sont retirés du principal point de rassemblement et les heurts ont cessé, selon des journalistes de l’Agence France-Presse sur place. Seule une poignée de contestataires sont restés dans les rues voisines.

« On en a marre des hommes politiques »

En trois mois de contestation, la colère n’a fait que grandir parmi les manifestants qui fustigent l’inertie des dirigeants. Les accrochages de samedi, qui ont blessé 377 personnes, ont été d’une violence inédite depuis le début, le 17 octobre, de la contestation contre une classe politique jugée corrompue et incapable de sortir le Liban du marasme économique.

« On en a marre des hommes politiques. Après trois mois de révolution, ils nous prouvent qu’ils ne changent pas, qu’ils n’écoutent pas, qu’ils n’apportent rien », s’insurge Mazen, 34 ans. Sur Twitter, les forces de sécurité ont appelé les manifestants à ne pas « attaquer » la police.

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« Il n’y avait aucune justification pour le recours brutal à la force par la police anti-émeute », a estimé Human Rights Watch, accusant les policiers d’avoir « tiré des balles en caoutchouc dans les yeux ». Face à cette escalade, le président Michel Aoun a convoqué lundi une réunion de sécurité en présence des ministres de la défense et de l’intérieur, selon l’agence officielle ANI.

Des soldats libanais à Beyrouth, dimanche 19 janvier. REUTERS/Mohamed Azakir
Des soldats libanais à Beyrouth, dimanche 19 janvier. REUTERS/Mohamed Azakir MOHAMED AZAKIR / REUTERS

« Violences excessives »

Selon un Comité des avocats pour la défense des manifestants, une quarantaine de manifestants ont été interpellés samedi avant d’être relâchés et « la majorité » ont été victimes de « violences excessives », certains affichant des blessures « à la tête, au visage, ou aux organes génitaux ». Les avocats ont constaté dans les hôpitaux ces blessures causées par des balles en caoutchouc au visage ou à la tête, a-t-il ajouté.

Les manifestants réclament un gouvernement de technocrates et indépendants de l’actuelle classe dirigeante quasi inchangée depuis des décennies, une amélioration des services publics et la fin du chômage et de la corruption dans un pays classé parmi les plus corrompus au monde, d’après Transparency International. Après la démission fin octobre du premier ministre, Saad Hariri, sous la pression de la rue, son successeur, Hassan Diab, a été désigné le 19 décembre mais il n’a toujours pas formé son gouvernement, les différents partis cherchant à garantir leur représentation au sein de la future équipe. « Il y a une voie pour calmer la tempête populaire », a tweeté M. Hariri. « Formez un gouvernement et ouvrez la porte à des solutions politiques et économiques. »

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