Au Liban, « pour la première fois, on met fin à l’héritage de la guerre »

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Une semaine après le début de la contestation, des dizaines de milliers de manifestants continuent de se mobiliser pour obtenir le « changement ».

Par Publié aujourd’hui à 11h35

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Des manifestants antigouvernementaux entourés par l’armée, le 23 octobre à Jal el-Dib.
Des manifestants antigouvernementaux entourés par l’armée, le 23 octobre à Jal el-Dib. Hassan Ammar / AP

Le jour décline sur le centre de Beyrouth, et l’arrivée de la pluie est accueillie dans des éclats de rire, mercredi 23 octobre, par les Libanais qui ont pris le pavé pour dénoncer l’incurie et la corruption de la classe politique. Autour de la place des Martyrs, sous les rares arbres, les auvents fraîchement montés et le porche de la mosquée Mohamed Al-Amine, on s’invente un abri. Des plaisanteries, des discussions impromptues fusent entre inconnus, le temps de la courte averse. Qui sait les espoirs que fondent les dirigeants politiques sur la mauvaise météo prévue ces prochains jours, pour clairsemer la foule ?

Car rien n’y fait. La mobilisation ne faiblit pas. Des universités ont rouvert leurs portes, mais les étudiants restent dans la rue. « Je n’y retournerai pas, pas en ce moment historique », dit Miled, 23 ans. L’intervention de l’armée, mercredi, pour tenter de dégager des routes bloquées, en dehors de Beyrouth, n’a pas découragé les protestataires, ni permis de lever la plupart des barrages. Les annonces de réformes faites par le premier ministre, Saad Hariri, lundi, restent raillées comme de fausses promesses. « On va continuer à descendre dans la rue, pour maintenir la pression », prévient Myriam, une enseignante.

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Des volontaires offrent des bouteilles d’eau, des biscuits. Un manifestant glisse un billet à une vieille mendiante au bouquet de roses. Des vendeurs de café font tinter leurs tasses. Des loueurs de narguilé ont pris racine. « On doit poursuivre le blocage : la grève, la mobilisation populaire, les barrages sur les routes », renchérit Diane Hojeiri, 27 ans. La rue a déjà réussi à imposer son tempo, en immobilisant le pays. Jeudi matin, de nombreux axes restaient bloqués dans le pays par des barrages improvisés.

« Moment de grande unité »

Ce n’est pas seulement « la confiance qui est brisée », comme le dit Mohamed, tout juste diplômé. C’est une vanne qui s’est ouverte : la parole, si longtemps tue, les frustrations et les désirs de changement étouffés, et qui désormais débordent. « Je t’aime, mon peuple », a écrit une manifestante sur une pancarte. « Pour la première fois, je sens qu’on met fin à l’héritage de la guerre (1975-1990), fait de divisions », se réjouit Ghada, une étudiante.

Des tags de couleur au nom de la « liberté » ou de la « révolution » recouvrent désormais des murs du centre-ville. Des jeunes escaladent une échelle pour parvenir au sommet de « l’œuf », un lieu abandonné, aussi emblématique de la guerre que des errements de la reconstruction post-conflit. C’est tout l’espace public que l’on se réapproprie.

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