Au Liban, les bonnes, prises au piège de la crise économique

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Une employée de maison d’origine africaine travaille dans un appartement de Dbaiyeh, au nord de Beyrouth, en avril 2019.
Une employée de maison d’origine africaine travaille dans un appartement de Dbaiyeh, au nord de Beyrouth, en avril 2019. JOSEPH EID / AFP

LETTRE DE BEYROUTH

Comme des milliers de domestiques étrangères au Liban, Maïssa attend depuis des semaines que le numéro de téléphone de son consulat s’affiche sur l’écran de son smartphone. Ce sera le signal du départ tant désiré, le feu vert au retour vers son pays natal, l’Ethiopie. Etranglée par la crise économique qui ravage le pays du cèdre, la jeune trentenaire s’est résolue à s’inscrire au programme de rapatriement mis en place par la représentation éthiopienne à Beyrouth. « La vie au Liban est devenue trop dure, mon salaire a baissé de moitié, les prix ont monté de 30 % ou 40 % et comme les employeurs ne nous donnent plus de dollars, nous ne pouvons plus envoyer d’argent à nos parents. »

Premières sacrifiées

Il y a seulement six mois, cette jeune femme ne s’imaginait pas faire ses valises. En dix années à Beyrouth, elle avait appris la langue, trouvé un job correct de femme de ménage et s’était aménagé un chez soi agréable, dans un petit appartement partagé avec trois compatriotes. Mais la dégringolade de la lire libanaise face au dollar, à partir du mois de septembre et les mesures de contrôles des liquidités mises en place par les banques, ont peu à peu tout changé. Aussi bien les entreprises, privées de billet vert, que les familles, au pouvoir d’achat en berne, ont dû revoir leurs dépenses drastiquement à la baisse.

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Les travailleuses immigrées, bonnes à tout faire de la société libanaise, variables d’ajustement, aussi facile à embaucher qu’à licencier, ont été les premières sacrifiées. Si aucun chiffre officiel n’est disponible, tant ce secteur souffre d’un manque de régulation, il est admis que des dizaines de milliers d’employées de maison étrangères, sur un total de 250 000 présentes au Liban, ont pâti de licenciements ou de réductions de salaire. Ce sont les victimes invisibles de la crise libanaise.

« Je gagnais 400 dollars par mois avant la crise et, aujourd’hui, je ne reçois plus que 200 000 livres libanaises », raconte Maïssa. Une somme équivalente à 130 dollars au taux officiel, et à 80 dollars, au taux du marché noir, qui prévaut dans la vie quotidienne. « Même le kg de tomates est devenu trop cher pour mon budget. J’ai renoncé à acheter des cadeaux pour ma famille. J’espère rentrer en Ethiopie dans les deux prochaines semaines. La vie n’est plus tenable ici. »

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Sous tutelle

D’après les décomptes des ambassades, plus de 2 000 Ethiopiennes, 1 500 Bangladaises et 600 Philippines ont d’ores été déjà été renvoyées dans leurs pays d’origine depuis le début de l’année. Beaucoup d’autres pourraient suivre dans les prochaines semaines. La liste d’attente de la représentation bangladaise comprend 8 000 noms et celle de son homologue philippine 3 000 autres. Sans compter que de nombreuses femmes quittent le pays sans en référer directement à leur consulat. « On n’a pas vu ça depuis la guerre de 2006, entre Israël et le Hezbollah », confie un responsable de l’ambassade éthiopienne.

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