Au Liban, « le système se défend alors même qu’il coule »

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Un immeuble ravagé de Beyrouth, le 26 août, trois semaines après la double explosion dans le port de la capitale libanaise.

Trois semaines après sa visite à Beyrouth, pour se rendre compte des dégâts causés par l’explosion dans le port, le président français Emmanuel Macron sera de retour au Liban, dans la soirée du lundi 31 août. L’objectif principal de son déplacement consistera à pousser les partis politiques locaux à la mise en place d’un véritable « gouvernement de mission », pour répondre aux urgences humanitaires et économiques.

Dans un entretien au Monde, le chercheur Emile Hokayem, de l’International Institute for Strategis studies (IISS) à Londres, revient sur les obstacles qui contrarient les attentes du dirigeant français.

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Que pensez-vous de l’annonce de la candidature d’un pur technicien, le diplomate Mustapha Adib, comme candidat des principaux partis pour le poste de premier ministre, à quelques heures de l’arrivée d’Emmanuel Macron ?

Désigner Adib, c’est choisir le chef pâtissier du Titanic comme commandant de bord, alors que le navire prend l’eau.

C’est l’illustration de la capacité de la classe politique libanaise à se jouer de sa propre population et des acteurs étrangers. C’est un choix assez décevant. M. Adib n’a ni la crédibilité ni les réseaux nécessaires pour faire face à la situation quasi existentielle du pays. C’est un choix qui contraint la France. J’imagine que Paris va prendre acte et accepter, car il y a d’autres dynamiques en jeu, et en particulier le fait qu’il y a un veto du Hezbollah sur d’autres noms, ainsi que la volonté de certains acteurs d’empêcher une personnalité proche des réformateurs d’arriver au pouvoir, même pour un gouvernement de mission ou de transition. Le système se défend alors même qu’il coule. Désigner Adib, c’est choisir le chef pâtissier du Titanic comme commandant de bord, alors que le navire prend l’eau. Il faudra maintenant attendre la composition du gouvernement pour avoir une meilleure idée de ce qui se passe.

Mustapha Adib, ici en juillet 2013 alors qu’il était ambassadeur du Liban à Berlin, s’est positionné pour être premier ministre.
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Quelles ont été les conséquences de la visite d’Emmanuel Macron, le 6 août au Liban ?

Je ne remettrais pas en question ses intentions, son ton juste et son bon message. Le problème fondamental réside dans les élites libanaises, pas dans la politique extérieure de la France. Après la visite de Macron, cette classe de prédateurs a cru que la sympathie internationale suscitée par la catastrophe allait assouplir les conditions posées à un sauvetage économique et financier. Qu’on serait plus coulant avec le Liban, qu’on ne mettrait pas une telle pression en faveur des réformes. Il faut dire que pendant 30 ans, ils ont pris l’habitude d’obtenir ce qu’ils voulaient de la communauté internationale. Aujourd’hui, les élites commencent à réaliser l’ampleur de la catastrophe. Mais leur préoccupation est : comment obtenir la plus grosse part d’un gâteau qui rétrécit rapidement ?

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