« Au Liban, le pouvoir communautaire est tombé »

0
121

[ad_1]

Ancien ministre libanais du travail, l’économiste Charbel Nahas appelle de ses vœux un nouvel exécutif qui disposerait des pleins pouvoirs.

Propos recueillis par et Publié aujourd’hui à 11h55

Temps de Lecture 6 min.

Article réservé aux abonnés

Lors d’une manifestation à Beyrouth, le 26 octobre.
Lors d’une manifestation à Beyrouth, le 26 octobre. Hussein Malla / AP

L’économiste libanais Charbel Nahas, 65 ans, ancien ministre des télécommunications et du travail, est l’actuel directeur de Citoyens et citoyennes dans un Etat, une association qui aspire à bâtir un « Etat laïque, démocratique, juste et efficace ». Cette grande voix réformatrice de gauche, engagée dans la protestation qui secoue le pays du cèdre, fait partie d’un groupe informel d’intellectuels, de militants et d’experts, qui s’efforce de préparer une possible transition politique.

A quoi assiste-t-on ? Un coup de gueule géant ? Une révolte ? Une révolution ?

On assiste à la célébration de la fin d’un régime. La société libanaise s’est soumise après la guerre civile [1975-1990] à un mode de pouvoir qui est à bout parce que la condition indispensable à son fonctionnement – drainer une quantité croissante de milliards de dollars chaque année – est en panne. Une survie artificielle lui a été assurée depuis quatre ans. Le gouvernement français a participé à cet effort avec le cérémonial de Cèdre [conférence des bailleurs de fonds du Liban, en avril 2018, au cours de laquelle 11 milliards de dollars lui ont été promis sous condition de réformes].

Vous voulez dire que le pouvoir est déjà tombé ?

C’est ce que les Libanais hurlent dans la rue. Ce qui se passe ici ne ressemble pas à ce qui s’est passé dans les pays du printemps arabe. Ces régimes fonctionnaient mal, mais ils fonctionnaient. Ici, le pouvoir est tombé tout seul. Ce ne sont pas les manifestants qui ont créé la crise financière et politique, c’est l’inverse. En mai 2018, les gens ont voté à près de 90 % pour les partis au gouvernement. Mais aujourd’hui, ils ne sont plus embrigadés. Le pouvoir communautaire est tombé. Les gens le disent chacun à leur manière, avec des blagues, parfois des grossièretés. Ils viennent aussi proposer une alternative. Et cette alternative, à notre sens, doit être un Etat laïque.

Quel a été le déclencheur du mouvement ?

Dans ce moment très critique, des idiots ont pris des dispositions d’une insolence incroyable. Je pense au ministre des télécommunications, Mohamed Choucair. Il a cru pouvoir lever 240 millions de dollars [215 millions d’euros], en taxant les appels sur WhatsApp, alors que quinze jours plus tôt, il avait utilisé 120 millions de dollars de deniers publics pour installer, dans un immeuble cossu du centre-ville, les bureaux d’un réseau de téléphonie mobile détenu par l’Etat. Cet acte de provocation a suscité une réaction populaire énorme. C’est comme si Mohamed Choucair avait retiré la goupille d’un ressort.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: